On se demande souvent ce que l'on ferait à la place de l'autre. Mais à cette question, il est impossible de répondre tant chacun a sa façon de vivre et de penser. Pour Charly Delwart, la question qui se pose plutôt serait : «Que ferais-je à ma place ?» De situations anodines - répondre à un SMS, aller aux urgences, lire la presse - surgissent des questions fondamentales : ne communiquerai-je à terme plus qu'en émojis ? Que suis-je prêt à faire pour ma survie ? Serai-je un jour un lanceur d'alerte ? Et pour chacune, plusieurs réponses s'offrent à nous. Charly Delwart a capturé soixante-dix questions et, avec beaucoup d'esprit et d'humour, il les déplie pour former le questionnaire à choix multiple de son existence avec, en filigrane, une question qui nous relie tous : comment mener la seule existence qu'on a ?
Un fils apprend au téléphone le décès de son père. Ils s'étaient éloignés : un malentendu, des drames puis des non-dits, et la distance désormais infranchissable.
Maintenant que l'absence a remplacé le silence, le fils revient à Trappes, le quartier de son enfance, pour veiller avec ses soeurs la dépouille du défunt et trier ses affaires. Tandis qu'il débarrasse l'appartement, il découvre une enveloppe épaisse contenant quantité de cassettes audio, chacune datée et portant un nom de lieu. Il en écoute une et entend la voix de son père qui s'adresse à son propre père resté au Maroc. Il y raconte sa vie en France, année après année. Notre narrateur décide alors de partir sur les traces de ce taiseux dont la voix semble comme resurgir du passé. Le nord de la France, les mines de charbon des Trente Glorieuses, les usines d'Aubervilliers et de Besançon, les maraîchages et les camps de harkis en Camargue : le fils entend l'histoire de son père et le sens de ses silences.
J'ai voulu y croire, j'ai voulu rêver que le royaume de la littérature m'accueillerait comme n'importe lequel des orphelins qui y trouvent refuge, mais même à travers l'art, on ne peut pas sortir vainqueur de l'abjection. La littérature ne m'a pas sauvée. Je ne suis pas sauvée.
J'ai voulu raconter l'amour tel qu'il est vécu la plupart du temps par la plupart des gens : sans crise ni événement. Au gré de la vie qui passe, des printemps qui reviennent et repartent. Dans la mélancolie des choses. Il est nulle part et partout, il est dans le temps même. Les Moreau vont vivre cinquante ans côte à côte, en compagnie l'un de l'autre. C'est le bon mot : elle est sa compagne, il est son compagnon. Seule la mort les séparera, et encore ce n'est pas sûr. F. B.
Le récit inédit de la femme qui sauva soixante mille oeuvres d'art pillées par les nazis.
Cette femme a sauvé plus de soixante mille oeuvres au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Mais personne ne connaît son nom : Rose Valland.
Lorsque Goering débarque à Paris pour se servir parmi les collections spoliées aux Juifs, elle est là, qui espionne, fondue dans le décor, insoupçonnable. Elle voit et note tout. Les titres, les artistes, les propriétaires, les origines et les destinations. Au risque d'être fusillée ou déportée.
Elle poursuit sa mission de justice jusqu'à sa mort, mais son obsession du secret touche jusqu'à sa vie privée, jugée inavouable.
Pour résister, il faut savoir disparaître.
Le roman de sa vie lui redonne sa place dans l'Histoire.
Une biographie ardente, qui a l'allure d'un roman d'aventures Jérôme Garcin, L'Obs
« Dans l'avion, au moment du décollage, j'observe les passagers. Certains pleurent. Les visages sont tristes, fatigués. Très vite, un grand silence s'installe. L'inquiétude, la violence de la situation écrasent tout désir de conversation. Plus personne n'ose parler. Puis, derrière les hublots, la nuit apparaît. Si soudainement que nous n'avons pu voir la terre algérienne s'éloigner. Cette terre déjà absente. Ainsi, je n'ai pas conservé dans ma mémoire la «dernière image» d'un pays disparu. Il fait nuit, encore, lorsque nous arrivons à Orly. Mon oncle Robert nous y attend. En guise d'accueil, une hôtesse de la Croix-Rouge offre à chacun de nous un bonbon. Nous étions en France et, à défaut de Ville Lumière, installé sur la banquette arrière, à travers la vitre de la voiture, je contemplais la noirceur du périphérique jusqu'à notre destination, Montreuil, en banlieue parisienne... ».
En une dizaine d'années, le jeune Benjamin Stora passe de l'enfance à l'âge adulte, de Constantine en guerre au Paris de Mai 68. Il raconte sa propre histoire, celle d'un exil et de l'apprentissage d'un homme qui va embrasser une nouvelle vie.
Jeanne du Barry (1745-1793) est une énigme. On l'a enfermée dans une légende noire. On en a fait la dernière maîtresse, surgie des bas-fonds, d'un vieux roi jouisseur et décrié. Une honte et un scandale. Il faut aller aux sources pour s'apercevoir de la place capitale qu'elle a occupée à une époque de quasi-perfection des arts, en pleine crise de l'absolutisme monarchique, dans les dernières années du règne de Louis XV. On l'a réinventée pour mieux discréditer le roi, elle s'est réinventée pour oublier les incertitudes de sa naissance. Son existence tient tout à la fois du jeu de piste et de l'enquête policière. Avec elle, on corne les pages de certaines questions essentielles d'un siècle qui est aussi celui de la Révolution: l'identité et l'illégitimité, les sentiments et l'ambition, le libertinage et la morale, l'argent et le pouvoir, la place des enfants et l'invention de l'intimité, la puissance de la presse et la formation de l'opinion, la transparence et le secret, le rôle des femmes et la revanche des hommes.
La vie de Jeanne du Barry - son ascension foudroyante, sa fin tragique sur l'échafaud - est un roman. En chercheur d'archives inspiré, en historien accompli, en écrivain talentueux, Emmanuel de Waresquiel ne se contente pas d'en découvrir la part cachée, il en restitue toute l'intelligence et l'émotion. Ce livre est un magnifique portrait de femme. Il se lit comme un thriller.
Miro Basinas n'est pas un simple horticulteur : c'est un véritable artiste... du cannabis. Producteur passionné, il vend à des dispensaires thérapeutiques. Mais son rêve, c'est la Cannabis Cup d'Amsterdam. Pour lui, ce serait, outre la gloire, la promesse de contrats lucratifs. Seulement voilà : à peine sa variété Elephant Crunch a-t-elle gagné la précieuse Cup, que Miro se fait tirer dessus et cambrioler. Dépossédé de ses plants qui valent désormais des millions, il part en croisade pour recouvrer son bien. Quitte à s'allier à un improbable partenaire, un mormon fan de bondage.
La nuit de noces est un événement à la fois banal et singulier pour les femmes et les hommes de la France du XIXe et du premier XXe siècle : si le rite s'impose alors à presque tous, il constitue une expérience personnelle décisive pour chacun. La norme exige que les jeunes mariés attendent la première nuit suivant la cérémonie pour consommer sexuellement leur union, mais aussi qu'ils n'en retardent pas davantage le moment. Bien que ces quelques heures inaugurales de leur vie conjugale se passent portes closes et que la bienséance commande d'en conserver le secret, de puissants attendus familiaux, religieux et sociaux pèsent sur leur bon déroulement.
Pour dévoiler l'imaginaire et les réalités de la nuit de noces, cet ouvrage s'appuie sur des sources étonnantes et des archives exceptionnelles. Des procédures judiciaires engagées par des couples souhaitant se séparer donnent en particulier accès aux témoignages des époux eux-mêmes : le récit des paroles échangées, des gestes effectués, des émotions ressenties offre un éclairage unique sur les pratiques nuptiales, habituellement tues, et sur l'ignorance dans laquelle sont maintenues les jeunes filles jusqu'au soir du mariage. Le viol légal que certaines dénoncent apporte une profondeur historique aux réflexions actuelles sur le consentement.
Aïcha Limbada montre que la nuit de noces est vécue par les époux comme une véritable épreuve, au cours de laquelle les femmes doivent attester de leur virginité et les hommes de leur virilité, mais qu'elle est aussi appréhendée par les penseurs et les médecins comme un problème sanitaire et social majeur. De sa réussite dépendent le bonheur du couple et la perpétuation de la société, dont l'ordre repose sur une domination masculine que l'initiation féminine participe à instituer.
Une jeune artiste retourne dans la petite ville de B., au pied des Carpates, où elle avait passé les étés de son enfance sous le régime communiste. Ces temps ne sont plus, mais le présent n'en est pas plus riant : ses anciennes fréquentations sont tous partis à l'Ouest, et l'usine textile abandonnée. Lorsqu'un corps mutilé est découvert dans la crypte familiale, le lien est vite établi avec Vlad l'Empaleur, alias Dracula.
Tandis que les anciens cadres de B. s'affairent pour tirer profit de cette histoire de vampire, la jeune peintre fait des rencontres nocturnes avec le comte en personne.
Trois destins de femmes intimement liés, trois portraits poignants au coeur d'une Amérique raciste ; un seul sang.
Au milieu des années 1960, Grace, jeune fille noire exilée du Sud ségrégationniste vers un New York en pleine lutte pour les droits civiques, tombe enceinte en même temps qu'elle découvre l'amour. On ne lui permet pas de garder l'enfant. C'est Delores, une femme traumatisée dans sa chair et dans son âme, qui va adopter et élever sa fille, Rae, en tentant de la préserver du poids de ses souvenirs. Mais à l'heure de devenir mère à son tour, Rae devra affronter cet héritage et faire la paix avec sa famille adoptive aussi bien qu'avec l'inconnue qui l'a mise au monde.
À travers cette saga vibrante qui, dans une même aspiration à la liberté, fédère trois femmes aux prises avec leur histoire personnelle et la société américaine, Denene Millner explore avec une infinie justesse et un remarquable sens du détail les mille détours de l'amour parental et filial, de la transmission, de la quête des origines et des absences qui nous hantent.
Du Sud ségrégué des années 1960, implacable et cruel, au New York du XXIe siècle aux rapports plus insidieux, femmes et hommes, forts ou vaincus, violents, lâches, tendres, perdus ou retrouvés, s'animent pour composer un roman intime conté avec un souffle épique.
RENTRÉE LITTÉRAIRE 2023
Ma famille maternelle a quitté la Roumanie communiste en 1961, sans savoir la vérité. Elle connaissait le nom du passeur à contacter, la somme à rassembler. Mais rien sur le bétail, rien sur les machines-outils, rien sur les centaines de milliers de dollars qui ont transité. Ma mère, ma tante, mes grands-parents et mon arrière-grand-mère ont fait l'objet d'un troc agricole et financier, un trafic d'êtres humains en plein coeur de l'Europe. Il était temps que s'ouvrent les archives et que soit révélé l'innommable : la situation de ceux que le régime communiste ne nommait pas et que, chez les miens, on ne nommait plus, les juifs. Moi qui suis née en France, j'ai voulu retourner de l'autre côté du Rideau de fer. Combler les blancs laissés par mes grands-parents et par un pays tout entier face à son passé.
Un juif contre 10 cochons: ironique? Impensable? Révoltant? Inhumain? Et pourtant c’est à ce prix que la famille de Sonia Devillers doit sa liberté. Le trafic de Jacober est un épisode méconnu de la Roumanie de la seconde partie du XXe siècle, un secret bien gardé qu’expose ce roman choc qui retrace l’épopée familiale de juifs roumains.
L'interprétation en BD du chef-d'oeuvre de Pierre Bottero !La vie de Camille, adolescente surdouée, bascule quand elle pénètre par accident dans l'univers de Gwendalavir avec son ami Salim. Là, des créatures menaçantes, les Ts'liches, la reconnaissent sous le nom d'Ewilan et tentent de la tuer. Originaire de ce monde, elle est l'héritière d'un don prodigieux, le Dessin, qui peut s'avérer une arme décisive dans la lutte de son peuple pour reconquérir pouvoir, liberté et dignité.Série vendue à deux millions d'exemplaires et traduite dans une dizaine de langues, La Quête d'Ewilan s'est imposée comme une référence absolue en matière de roman de fantasy pour adolescents, dont voici l'adaptation en BD. En charge du dessin, la talentueuse Laurence Baldetti (Perle Blanche) restitue à merveille le scénario précis de Lylian et illumine cet univers fabuleux de son trait souple et dynamique.
Une fable sombre et oppressante à la manière d'un conte pour grands enfants. Mr Hubert 31-36 est un " Homme sans sourire " . Dans son royaume, toute forme de joie est interdite pour les gens du " bas peuple " . Un jour, il rencontre par le plus grand des hasards la fille du roi, Mr Joyeux. Perdue et hilare, la princesse n'a pas conscience des risques qui la guettent ici-bas. Transi de peur, Mr Hubert doit à tout prix faire taire cette joyeuse écervelée, qui les met tous les deux en danger.
Sauver ou être sauvé, tel est son entêtant dilemme, et il ne prête pas à rire !
« Une bonne histoire, aujourd'hui encore, c'est souvent l'histoire d'un mec qui fait des trucs. Et si ça peut être un peu violent, si ça peut inclure de la viande, une carabine et des lances, c'est mieux... » Mais quelle place accorde-t-on dans ces histoires aux personnages féminins et à la représentation de leur corps ? Alice Zeniter déconstruit le modèle du héros et révèle la manière dont on façonne les grands récits depuis l'Antiquité. De la littérature au discours politique, elle nous raconte avec humour et lucidité les rouages de la fabrique des histoires et le pouvoir de la fiction.
Court toujours, une collection de romans courts à lire ou à écouter en moins d'une heure.
On doit savoir, madame. Quels organes ?... Tous ? Certains ? C'est à vous de choisir...
Alban, le frère aîné d'Anouk, est en état de mort cérébrale après être tombé d'un toit. Les médecins ont besoin de savoir si la famille fait don de ses organes. Mais la mère d'Anouk et Alban n'est pas prête à faire ce choix. Anouk se lance dans la mission de convaincre sa mère en ravivant leurs souvenirs heureux. Le compte à rebours est lancé, pour la mémoire d'un frère.
Quand on veut, où l'on veut ! 1 roman, 3 versions. Avec ce livre, vous pouvez écouter la version audio et lire la version numérique gratuitement via l'appli Nathan Live. Des récits initiatiques intenses et percutants, qui racontent un moment-charnière de la vie d'un ou d'une ado d'aujourd'hui.
Quelques secondes encore :
Sélection Prix Vendredi 2022 Sélection Prix T'aimes lire 2022
Une famille marseillaise est un jour convoquée à la préfecture. Une enquête sur leurs origines familiales au vu de la modification de leur patronyme bien des années auparavant les place soudain dans une situation dramatique. Dès lors commence pour le fils aîné une longue cavale pour échapper aux purges mises en place par le gouvernement.
Ils sont sur l'autoroute, chacun perdu dans ses pensées. La vie défile, scandée par les infos, les faits divers, les slogans, toutes ces histoires qu'on se raconte - la vie d'aujourd'hui, souvent cruelle, parfois drôle, avec ses faux gagnants et ses vrais loosers. Frédéric, lanceur d'alerte devenu conducteur de poids lourds, Catherine, qui voudrait gérer sa vie comme une multinationale du CAC 40, l'écrivain sans lecteurs en partance pour « Ailleurs », ou encore Sylvain, débiteur en route pour Disneyland avec son fils... Leurs destins vont immanquablement finir par se croiser.
Un roman caustique qui dénonce, dans un style percutant à l'humour ravageur, toutes les dérives de notre société, ses inepties, ses travers, ses banqueroutes. Et qui vise juste - une colère salutaire, comme un direct au coeur.
« Avortez. », « Il va falloir faire un autre sport, votre fille n'est pas assez gracieuse pour la danse. », « On ne va pas avoir votre taille en rayon. », « T'as de la chance d'être grosse, au moins t'existes. »...
Les journées de Mathou et Mademoiselle Caroline sont remplies de ces petites phrases, parfois anodines mais toujours assassines à propos de leur poids. Si l'une essaie désormais de s'accepter, l'autre fera toujours en sorte d'essayer de mincir mais ensemble, les deux autrices nous livrent leurs expériences et nous font prendre conscience que la grossophobie est un mal sociétal.
Mills Caro et Mathou révèlent leur vision de la grossophobie et le poids qu'elle exerce sur notre société. Tantôt réaliste et tantôt léger (à la sauce Mathou), pour ceux qui aiment la bouffe ainsi que pour ceux qui manquent cruellement d'instruction.
Une BD pour profiter toujours un peu plus de la vie et de ses petits plaisirs, se sentir bien dans sa tête et son corps et pour vivre son poids en tant qu'être humain et non en kilos.
Une femme explore la question du désir. Elle revisite sa vie, ses expériences sexuelles et affectives passées. Elle s'interroge. Comment devenir soi-même dans une société où les discours tout faits et les modèles prêts à penser foisonnent ? Comment parvenir à désincarcérer son désir des normes héritées qui le contraignent et l'entravent.
Une réflexion féministe qui engage à prendre son désir à mains nues pour trouver une forme de sensualité, une sexualité solaire, aussi libératrice que salvatrice.
“A force de rêver à du cul politiquement correct, on s’empêcherait presque de jouir. Quand cesserons-nous d’avoir peur de nous-même ?”
Amandine Dhée met les pieds dans la glaise, directe, sans ambages ; les pieds dans la glaise, cuite et recuite, de nos macérations maladives ; elle plonge au cœur de la pâte qui nous façonne (“Nous sommes tous fabriqués.” P.103) et qui conditionne la “(...) dramaturgie de la chatte.” P106).
Sa matière, c’est la vie, la vie des femmes.
Et cette matière, elle la pétrit avec pertinence, malice, talent ; elle élabore, en toute simplicité, un bréviaire humaniste parce que féministe. Elle se cogne, se confronte, aux contradictions, celles qui lui sont propres et celles qui lui sont imposées. Elle gratte sous l’écorce, sous la croûte du réel, du quotidien.
Elle nous propose une superbe réflexion, planante malgré ses enjeux, dans la lignée, en moins punk et foutraque dans la forme (quoique), mais tout aussi audacieuse et radicale du “King Kong Théorie” de Virginie Despentes.
C’est un enchantement, une explosion d’intelligence, un court texte qui libère ou, du moins, qui rend possible la liberté.
C’est une leçon de vie, de liberté potentielle, de “Gai savoir” qui fait pétiller l’esprit.
C’est d’une virtuosité et d’une lucidité incandescente.
“A mains nues”, ce sont des mains abrasives qui arrachent, extirpent, refaçonnent, mains sublimes qui travaillent la matière littéraire avec la force radicale des pensées vraies et nues (et donc scandaleuses).
“A mains nues”, c’est l’écume tumultueuse et géniale de “King Kong Théorie.”
Un véritable don de soi.
Un superbe texte.
Et enfin...
La narratrice explore la question du désir et de l' attachement à la lumière du parcours d' une femme et de ses expériences sexuelles et affectives.
Comment devenir et rester soi-même dans une société où les discours tout faits et les modèles prêts à penser foisonnent? La narratrice revisite toute sa vie, de l' enfance à l' âge adulte et se projette aussi dans la vieillesse.
La réflexion féministe apparaît à chacun de ces âges de la vie.
Amandine Dhée poursuit ainsi la réflexion entamée en 2017 avec La femme brouillon sur la représentation des femmes dans l' imaginaire collectif et leur émancipation.
“A force de rêver à du cul politiquement correct, on s’empêcherait presque de jouir. Quand cesserons-nous d’avoir peur de nous-même ?”
Amandine Dhée met les pieds dans la glaise, directe, sans ambages ; les pieds dans la glaise, cuite et recuite, de nos macérations maladives ; elle plonge au cœur de la pâte qui nous façonne (“Nous sommes tous fabriqués.” P.103) et qui conditionne la “(...) dramaturgie de la chatte.” P106).
Sa matière, c’est la vie, la vie des femmes.
Et cette matière, elle la pétrit avec pertinence, malice, talent ; elle élabore, en toute simplicité, un bréviaire humaniste parce que féministe. Elle se cogne, se confronte, aux contradictions, celles qui lui sont propres et celles qui lui sont imposées. Elle gratte sous l’écorce, sous la croûte du réel, du quotidien.
Elle nous propose une superbe réflexion, planante malgré ses enjeux, dans la lignée, en moins punk et foutraque dans la forme (quoique), mais tout aussi audacieuse et radicale du “King Kong Théorie” de Virginie Despentes.
C’est un enchantement, une explosion d’intelligence, un court texte qui libère ou, du moins, qui rend possible la liberté.
C’est une leçon de vie, de liberté potentielle, de “Gai savoir” qui fait pétiller l’esprit.
C’est d’une virtuosité et d’une lucidité incandescente.
“A mains nues”, ce sont des mains abrasives qui arrachent, extirpent, refaçonnent, mains sublimes qui travaillent la matière littéraire avec la force radicale des pensées vraies et nues (et donc scandaleuses).
“A mains nues”, c’est l’écume tumultueuse et géniale de “King Kong Théorie.”
Un véritable don de soi.
Un superbe texte.
Et enfin...
Janvier 2011 : après l'immolation de Mohamed Bouazizi, jeune marchand ambulant poussé au désespoir par la misère et l'arbitraire, le peuple tunisien se soulève et « dégage » Ben Ali. C'est le début des « printemps arabes », et Vanessa Benlazar, grand reporter, est aux premières loges. Derrière la liesse populaire, la jeune Française pressent que cette révolution court le risque d'être noyautée par les islamistes, toujours prompts à profiter d'un vide du pouvoir. Bientôt, la chute de Khadafi, la guerre civile en Syrie et le chaos qui s'installe dans tout le Levant lui donnent raison : un nouveau groupe semble émerger peu à peu des décombres, venu d'Irak pour instaurer un califat dans la région ; un groupe dont la barbarie est sans limite, aux méthodes de recrutement insidieuses et modernes, et qui prône la haine de l'Occident.
À Toulouse, justement, Laureline Fell, patronne de l'antenne locale de la DCRI tout juste créée par Sarkozy, s'intéresse à un certain Merah, soupçonné de liens avec des entreprises terroristes. Mais les récentes réformes du renseignement français ne lui facilitent pas la tâche. Quand le pire advient, Fell comprend que la France n'est pas armée pour affronter ce nouvel ennemi qui retourne ses propres enfants contre leur pays : d'autres jeunes sont prêts à rejoindre l'État islamique, autant de bombes à retardement que Laureline, avec l'aide de Vanessa, va tenter de désamorcer.
Avec ce dernier tome, Frédéric Paulin clôt la trilogie Benlazar qui nous mènera de Tunis à Toulouse, de Lunel à Bengazi, dessinant la carte des nouveaux réseaux terroristes qui frapperont Paris en plein coeur au cours de l'année 2015.
“La fabrique de la terreur” est une claque magistrale ; le dernier tome (qui peut se lire indépendamment des autres) de la remarquable trilogie documentaire et fictionnelle de Frédéric Paulin qui nous transporte au cœur du terrorisme contemporain.
“La guerre est une ruse” avait été une formidable découverte et “Les prémices de la chute” s’inscrivait dans son exigeante et inventive filiation.
A partir d’un matériau précis et totalement assimilé, Paulin aborde tous les aspects, tous les enjeux du terrorisme, en fusionnant la réalité avec le roman noir, le polar, l’espionnage, et en l’incarnant littéralement dans ses personnages.
Il trouve la bonne distance, n’assène rien, donne à voir la paupérisation, l’abandon, l’ignorance, la foi violente, le désarroi dans ce qui devient un terrifiant et implacable réquisitoire.
C’est prenant, intelligemment mené et, au final, bouleversant.
Une claque ?... Non, en fait, un uppercut à la hauteur de la tragédie qui se joue en permanence sous nos yeux et dans nos vies.
Janvier 2011. Le peuple tunisien se soulève, c'est le début des Printemps arabes. Vanessa Benlazar, grand reporter, pressent que ces révolutions vont être noyautées par les islamistes. Le chaos qui s'installe lui donne raison. Un groupe venu d'Irak émerge des décombres. Sa barbarie est sans limites, ses méthodes de recrutement sont insidieuses. À Toulouse, Laureline Fell, de la DCRI, s'intéresse à un certain Merah, soupçonné de liens avec des entreprises terroristes. Mais les réformes du renseignement ne lui facilitent pas la tâche. La France n'est pas armée pour affronter cet ennemi qui retourne contre elle ses propres enfants. Autant de bombes à retardement que Laureline et Vanessa vont tenter de désamorcer.
“La fabrique de la terreur” est une claque magistrale ; le dernier tome (qui peut se lire indépendamment des autres) de la remarquable trilogie documentaire et fictionnelle de Frédéric Paulin qui nous transporte au cœur du terrorisme contemporain.
“La guerre est une ruse” avait été une formidable découverte et “Les prémices de la chute” s’inscrivait dans son exigeante et inventive filiation.
A partir d’un matériau précis et totalement assimilé, Paulin aborde tous les aspects, tous les enjeux du terrorisme, en fusionnant la réalité avec le roman noir, le polar, l’espionnage, et en l’incarnant littéralement dans ses personnages.
Il trouve la bonne distance, n’assène rien, donne à voir la paupérisation, l’abandon, l’ignorance, la foi violente, le désarroi dans ce qui devient un terrifiant et implacable réquisitoire.
C’est prenant, intelligemment mené et, au final, bouleversant.
Une claque ?... Non, en fait, un uppercut à la hauteur de la tragédie qui se joue en permanence sous nos yeux et dans nos vies.
Indiana, 1930. Ottie Lee, petite fille à l'enfance tourmentée, est devenue cette grande rousse plantureuse coincée entre un patron lubrique aux manières brutales et un mari qui n'a d'yeux que pour la truie qu'il élève. Un soir d'été, elle embarque avec les deux hommes direction Marvel, où ils entendent grossir les rangs de la foule venue assister au lynchage de trois jeunes Noirs.
À l'autre bout de la route, Calla Destry, une jeune métisse de seize ans qui aspire désespérément à échapper à la violence et à retrouver l'amant qui lui a promis une vie nouvelle, se dirige également vers Marvel, un vieux pistolet de l'armée dissimulé dans son panier, bien résolue à tenter l'impossible pour arrêter les lyncheurs.
À la fois voyage initiatique et oppressant huis clos à ciel ouvert, «La Route de nuit» éclaire la trajectoire de deux femmes remarquables, impatientes de fuir les secrets qu'elles ont laissés derrière elles. Deux femmes qui traversent une Amérique déchirée par la peur et la haine, et qui convergent l'une vers l'autre sans le savoir.
“La route de nuit” est un superbe texte débordant d’éclats stellaires (et mortels).
Le récit d’une grande fête populaire dans le sud des États-Unis au début du 20éme siècle ; un lynchage vu au travers du regard de deux femmes (l’une noire, l’autre blanche) dont les univers vont converger vers ce moment de pur concentré de haine tranquille.
Une tragédie inscrite dans le décor mental d’une Amérique croyante et traitée ici comme un mauvais rêve, un songe ; un songe Shakespearien, un “Songe d’une nuit d’été”, nuit moite et collante, “nuit pleine d’arbres et de cordes” (P133) et de farfadets littéraires.
Et, pourtant, le rire, la bouffonnerie et l’arc-en-ciel des émotions induits par la condition humaine explosent en un feu d’artifice d’une truculence euphorisante et d’une invention constante.
“La route de nuit” est un régal de texte, un voyage aussi réel qu’onirique sur les terres de Faulkner et de l’horreur conradienne.
Un tour de force qui nous emporte et transcende la monstruosité ordinaire en œuvre romanesque.
“Qui pouvait dire quels terribles prodiges peupleraient cette nuit ?” (P115).
Pas nous, éblouis que nous sommes par les attraits nocifs des phalènes lyriques, nuisibles non pas aux arbres mais à ceux qui les transforment en épouvantails et en métaphores de l’horreur.
Ouvrons les yeux avec Laird Hunt et soyons attentifs au sublime et tragique de cette incroyable “Route de nuit”.