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Fallois
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La grandeur de l'homme au siècle de péricles
Jacqueline de Romilly
- Fallois
- 2 Juin 2010
- 9782877067188
A travers la lecture des grands écrivains grecs, Jacqueline de Romilly tente de nous faire mieux comprendre cette théorie de la grandeur de l'homme qui apparaît, pour la première fois peut-être, au Ve siècle avant Jésus-Christ à Athènes.
Pour la première fois, les dieux n'ont plus des têtes d'oiseaux ou d'animaux, ne sont plus des faucons, des béliers, des chiens ou des vaches, ni des êtres impossibles aux attributs terrifiants, comme en Asie, ni des divinités aux mille bras, comme en Inde. Pour la première fois, ce sont tout simplement des humains. Mais cet essai ne conduit pas à un optimisme naïf. Les Grecs ne croient pas que tout va bien pour l'homme.
La tragédie et l'histoire nous montrent au contraire qu'ils sont parfaitement conscients des défaites, des malheurs, des souffrances auxquelles l'humanité est exposée.
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Jeanne Voici le livre secret de Jacqueline de Romilly. Écrit dans l'année qui suivit la mort de sa mère, en 1977, elle en fit imprimer quelques exemplaires pour les donner à ses amis. Mais par pudeur, par respect, parce qu'il y a quelque chose de vulgaire à se laisser interroger sur ce qu'il y a de plus intime, et parce qu'elle avait horreur de la vulgarité, elle n'a pas souhaité que ce livre soit publié de son vivant et a chargé son éditeur et ami Bernard de Fallois de le publier après sa mort. Elle fait ici le portrait d'une femme aux dons multiples, travailleuse infatigable, qui fit preuve pendant trente ans d'un talent d'écrivain reconnu, mais ne connut jamais le véritable succès. Après avoir perdu son mari au début de la guerre de 14, elle avait choisi de vivre dans l'ombre de sa fille. C'est toute une époque de la vie française du premier XXe siècle que Jacqueline de Romilly fait revivre autour d'elle. Mais c'est aussi le récit - on a presque envie de dire la confession - de l'union indissoluble d'une fille et de sa mère. Jacqueline de Romilly nous en dit beaucoup sur elle-même, à cette occasion, et nous comprenons mieux ce sentiment mêlé d'admiration, de sympathie, de reconnaissance et d'affection que ses lecteurs, même s'ils ne l'avaient jamais rencontrée, ont éprouvé en apprenant sa disparition.
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Pendant les années de sa carrière universitaire, Jacqueline de Romilly s'amusa plusieurs fois à écrire des romans et des nouvelles que, par discrétion, elle s'interdit de publier, ou qu'elle fit paraître sous pseudonyme. Voici l'un d'eux, qui date des années 1965.
Une rencontre va bouleverser la vie d'Anne Aubier, jeune veuve de 34 ans, qui mène une vie paisible. Alors qu'elle se promène avec une parente dans le jardin du Luxembourg, son regard croise celui d'un homme accompagné d'un enfant. Dans cet homme, elle croit reconnaître celui qu'elle a aimé passionnément douze ans plus tôt et qu'elle n'a plus revu : Paul, le non-conformiste. Anne va tout mettre en oeuvre pour le retrouver. Oscillant entre l'agitation et la réflexion, elle interrogera ceux qui l'ont connu, suivra sa trace en Belgique, interrompra la liaison confortable qu'elle a avec Maurice, rompant ainsi avec " l'ordre, la sécurité et le poids de la tradition ", tout en se replongeant dans un passé qu'elle idéalise peut-être. Impatience, doutes, attente, espoir, émotions alternent tout au long de sa recherche. Elle retournera finalement dans le jardin du Luxembourg, où a eu lieu la rencontre. Elle retrouvera l'enfant, puis l'homme. Mais le passé peut-il renaître ? Peut-on reprendre une histoire d'amour douze ans après ? Est-ce vraiment Paul qu'elle a cru reconnaître, ou est-ce déjà une autre aventure ?
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Ce sont des mémoires pour rire, nous dit l'auteur.
En deux cents pages, et quatre chapitres, alternant souvenirs et réflexions, sur le ton charmant de la conversation qu'elle a aujourd'hui avec ses lecteurs, comme elle l'avait jadis avec ses élèves, jacqueline de romilly nous raconte les histoires drôles de sa vie.
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Carl est un homme sans attaches, éprouvé et secret.
Aussi sa jeune femme Thérèse connaît-elle des problèmes et des difficultés.
Mais, pour la mère de Thérèse - qui est aussi la narratrice - l'histoire se déroule bientôt sur un tout autre plan. Attentive et émue, elle se décide à intervenir (elle fait " l'ouverture à coeur ") ; ainsi se libère en elle toute une sensibilité nouvelle, étouffée jusqu'alors par l'habitude et l'égoïsme.
Elle a poursuivi et cherché Carl, puis l'a enfin rejoint pour une heure de fraternité totale : sous l'effet de cette heure de confiance, ou d'émotion, une source s'ouvre en elle : " Cet impossible gendre, à part de tout et de tous, avait été pour moi, écrit-elle, le sourcier de l'amour d'autrui.
" Mais comment est-elle arrivée là ? Sous une forme simple et sage, elle entreprend de relater, pas à pas, cette aventure intérieure, aussi rare qu'exemplaire. Pour cela, elle se met à écrire (tardivement, comme l'auteur !). Parfois ce sont de petits faits, qui surprennent ou bien sèment l'angoisse. Ailleurs, un voile se déchire d'un coup. Le plus souvent, le glissement est insensible et pourtant définitif :
" Je croyais bien que je rentrais chez moi, après un épisode clos, prête à retrouver ma vie.
Je me trompais. Presque à mon insu, tout, alors, sembla changer et se déplacer comme lorsqu'un bateau dérive doucement au gré de l'eau et qu'en levant enfin les yeux on découvre qu'il vous a emporté loin du rivage. " Et bientôt la barque flotte " très loin de tout, au coeur d'un mystérieux inconnu. "
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Ce livre n'est pas une biographie romancée : il rapporte les faits, cite les textes, donne les sources ; mais on pourrait s'y tromper, tant la vie même d'Alcibiade multiplie les aventures et les péripéties les plus romanesques.
Pupille de Périples, ami de Socrate, paré de mille dons, il semblait devoir dominer la vie politique d'Athènes au Ve siècle avant Jésus-Christ. Il le fit, au début. Mais Il était ambitieux et imprudent ; les scandales le guettaient. Il fut exilé, condamné à mort, rappelé, chassé à nouveau - non sans avoir, entre-temps, présidé à la politique des ennemis d'Athènes, Sparte ou les satrapes perses. Cela fait beaucoup de désordres ; et déjà les historiens anciens voyaient dans ces désordres l'effet d'une crise frappant alors la démocratie athénienne.
Avec les rivalités politiques, les affaires ", les intrigues, cette démocratie faillit sombrer et Athènes perdit sa puissance. Comment s'étonner si tous les auteurs d'alors se sont intéressés au personnage ? Et comment ne pas reconnaître que ces soubresauts d'une vie haute en couleur offrent une riche matière à réflexion dans notre XXe siècle ? La réflexion, ici, adhère au récit, sans jamais s'en écarter ni l'interrompre.
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Née il y a plus de deux millénaires et demi, la tragédie grecque est, aujourd'hui encore, d'une étonnante vitalité. Chaque année, les oeuvres d'Eschyle, de Sophocle ou d'Euripide inspirent les metteurs en scène les plus novateurs. C'est d'elle qu'est né notre théâtre classique, tout comme certaines de ses réécritures modernes parmi les plus célèbres, que l'on songe à Jean-Paul Sartre, à Jean Anouilh ou à Cocteau.
Et que dire de la scène lyrique, voire même de la psychologie des profondeurs" ou de la pensée politique ? Les études et les essais rassemblés dans le présent volume éclairent le miracle de sa naissance, montrent l'étendue de son rayonnement après avoir mis en lumière le génie individuel de chacun des trois grands poètes athéniens du Ve siècle avant Jésus-Christ, si souvent imités au cours des siècles et rarement égalés.
Mais ce livre est loin d'énoncer les idées générales que l'on pourrait trouver ailleurs sur l'histoire du genre tragique. Par une étude minutieuse de quelques oeuvres exemplaires, dont les hellénistes apprécieront la rigueur et dont les autres admireront la clarté, Jacqueline de Romilly nous apprend à lire et à relire ces textes fondateurs de la tradition occidentale où Marguerite Yourcenar voyait "une tentative de langage universel" (En pèlerin et en étranger).
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Pour la fête de Pâques, un usage largement répandu veut que l'on cache un peu partout - sans trop les dissimuler, cependant - des oeufs qui sont autant de présents à découvrir. Mais il ne s'agit pas d'oeufs ordinaires. Ils sont ornés, avec plus ou moins de goût, peints de couleurs imprévues, rehaussés de motifs, qui parfois dénotent une sorte d'intention artistique, mais parfois se contentent d'une touche fort discrète. De même, certains peuvent avoir été vidés et reconstitués. Le seul principe est que soient unis ces deux traits, en apparence assez opposés, que sont le secret des cachettes et la présence de parures délibérées.Ces textes sont bel et bien à prendre comme des oeufs de Pâques.On peut les appeler des nouvelles, à cause de ces transformations et de ces parures par lesquelles j'ai cru bon de les déguiser: en fait ce sont des souvenirs, mes souvenirs, juste un peu retouchés.Le résultat est que, moi-même, je ne sais plus très bien, pour chacun de ces petits textes, où s'arrête la vérité et où commence l'imagination.C'est là un étrange aveu pour quelqu'un qui a voulu, sur les traces de Thucydide, consacrer sa vie entière au respect de la vérité; mais peut-être, justement, est-ce là l'explication: tout excès suppose une compensation, et l'excès de philologie peut très bien susciter le besoin de passer quelques moments aux frontières de la réalité et du rêve.Et puis qu'importe ce que j'ai cherché avec ces récits et pourquoi ils sont à présent livrés aux autres: cachés et offerts, attendant d'être trouvés. Ils ne m'appartiennent plus que par un lien secret, qui fait partie du jeu.J. de R.
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Des histoires, brèves, chargées de sens, et dont chacune laisse derrière elle un sillage dans la mémoire, une émotion.
Un souvenir qu'on croyait oublié. Un mot d'un être cher, qu'on retrouve. Une rencontre qui n'a pas eu de suite. Une petite scène à laquelle on a été mêlé sans la comprendre. Un remords qui vous assaille. Toutes ces petites choses de la vie, dont s'enchantent les amateurs de nouvelles, un genre qui par sa brièveté s'apparente au poème, et par sa densité humaine au roman. L'auteur de Pourquoi la Grèce ? et du, Trésor des savoirs oubliés se révèle ici une conteuse pleine de talent et de subtilité.
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Des nouvelles ne devraient pas avoir besoin de préface elles devraient se suffire à elles-mêmes.
Mais je suis trop professeur dans l'âme pour m'abstenir de tout commentaire ; et je déteste trop les malentendus pour ne pas tenter de m'expliquer, même brièvement. Dans les récits qui suivent, une femme dit "je", et ce n'est pas moi ; c'est une certaine Anne, qui évoque des moments passés dans sa maison du Lubéron... Peut-être y a-t-il, en effet, des ressemblances. Pourtant, non, ce n'est pas moi. Alors, qui est-elle ? Je viens de l'appeler Anne ; et elle est un peu comme l'indéfini en anglais : an, any, c'est-à-dire n'importe qui.
Mais il se trouve aussi qu'elle est placée là dans des conditions particulières. Alors qu'elle a une vie organisée à Paris, on ne la voit que dans sa maison du Lubéron, dans son jardin, dans le silence et la paix de la campagne. Elle est là, coupée de toutes les difficultés de la vie courante, du métier, de la famille ou de la politique... Dans le silence, on s'ouvre tout naturellement aux méandres et aux surprises de la vie intérieure.
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ce livre est fait de souvenirs et de rêveries : il évoque des objets familiers dont chacun porte la
trace de ce qui fut ma vie.
d'ordinaire, on les voit à peine ; on y est habitué, on ne fait pas attention. mais il se trouve que, parfois, à l'occasion de n'importe quoi et d'un simple instant d'attention donné au passage, on retrouve un peu des souvenirs qui, avec les années, s'y sont attachés. c'est une expérience très simple et très singulière. j'ai voulu tenter de la décrire, sans modifier en rien la vérité ; elle est parfois simplette, parfois naïve, mais peu importe : pour une fois j'ai voulu la dire juste comme elle était, sans rien inventer, sans rien ajouter ni corriger.
je devrais sans doute m'excuser de cette indiscrétion, mais de telles expériences n'ont de sens que si elles reflètent quelque chose d'authentique et sont capables de trouver un écho chez d'autres. jacqueline de romilly.
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Tout commence par de petites anecdotes très simples, empruntées à la vie quotidienne ou à l'expérience du professeur.
Ces anecdotes montrent clairement que nos souvenirs sont moins oubliés que l'on ne croit. Certains peuvent revenir à la conscience en vertu d'associations complexes et imprévues. S'ils ne le peuvent pas, nous sommes du moins capables, devant une suggestion offerte, de reconnaître ce que nous pensions ignorer. La connaissance subsiste donc en nous, à notre insu. Ainsi se constituent des repères qui nous permettent de mieux, juger, ainsi s'élabore notre formation intellectuelle, affective et morale.
Ces faits expliquent le rôle essentiel que peuvent remplir les études littéraires - rôle qui est aujourd'hui dangereusement méconnu. Ils éclairent aussi d'un jour nouveau les complexités de la vie intérieure : pénétrer jusqu'à ce trésor secret, c'est un peu comme pratiquer une psychanalyse du bien.
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la démocratie a été inventée, analysée et louée par les athéniens du ve siècle avant j.
-c. c'était une forme de démocratie particulière : une démocratie directe, dans laquelle chaque citoyen avait la possibilité de participer à toutes les décisions importantes, de façon souveraine. or ce même ve siècle est celui oú l'on voit apparaître un surgissement sans pareil d'oeuvres et de découvertes dans le domaine intellectuel et culturel. le dernier livre de jacqueline de romilly entreprend d'établir un rapport étroit entre l'exercice nouveau de la démocratie et ce soudain épanouissement, qui en fut le prolongement.
a la différence de ses livres précédents, jacqueline de romilly a largement orienté cet essai vers les problèmes d'aujourd'hui. l'expérience athénienne reste unique, mais la leçon qui se dégage de cette expérience ancienne permet de ranimer l'élan qui a donné d'aussi beaux résultats. le passé peut ici inspirer l'avenir.
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Jacqueline de Romilly traite ici de la Grèce, mais en fonction d'un problème qui est bien actuel en notre temps, à savoir la violence.
Celle-ci nous menace de toute part ; elle sévissait déjà dans le monde antique ; mais il se trouve que les auteurs grecs, et surtout les auteurs athéniens, n'ont pas cessé de s'élever contre elle de toutes leurs forces, pour la refuser et la condamner. Contre elle, ils ont découvert et défendu un idéal de justice, de douceur, de solidarité humaine. Ils l'ont fait même dans des domaines où la violence semblait devoir régner en maîtresse ; c'est le cas de ce genre si grec qu'est la tragédie ; c'est aussi le cas de ces récits mythiques où les dieux montrent parfois tant de cruauté ou d'injustice.
Ce sont ces divers témoignages anciens qui nous sont ici présentés avec tout le relief qu'ils prennent à un moment qui est celui de leur premier surgissement. Après deux chapitres centrés sur la Grèce, Jacqueline de Romilly esquisse une comparaison entre les formes prises par la violence de notre temps et dans l'Athènes du Ve siècle ; et elle recherche dans l'esprit grec les éléments qui pouvaient soutenir et encourager ces plaidoyers contre la violence.
Les témoignages ainsi groupés sont saisissants : on peut espérer qu'à la faveur de ce détour vers l'Antiquité, on pourra redonner quelque vie à ces valeurs si nécessaires, que la Grèce avait mises en lumière, et que nous avons peut-être un peu trop oubliées aujourd'hui.
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