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Jacques Lacan
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Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse
Jacques Lacan
- Points
- Points Essais
- 9 Janvier 2014
- 9782757839966
L'hospitalité reçue de l'École normale supérieure, un auditoire très accru indiquaient un changement de front de notre discours.
Pendant 10 ans, il avait été dosé aux capacités des spécialistes ; sans doute seuls témoins recevables de l'action par excellence que leur propose la psychanalyse, mais, aussi, bien, que les conditions de leur recrutement laissent très fermés à l'ordre dialectique qui gouverne notre action.
Nous avons mis au point un organon à leur usage, en l'émettant selon une propédeutique qui n'en avançait aucun étage avant qu'ils aient pu mesurer le bien-fondé du précédent.
C'est la présentation que nous devons renverser, nous parut-il, trouvant dans la crise moins l'occasion d'une synthèse que le devoir d'éclairer l'abrupt du réel que nous restaurions dans le champ légué par Freud à nos soins.
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Les formations de l'inconscient : séminaire livre V (1957-1958)
Jacques Lacan
- Points
- Points Essais
- 27 Janvier 2023
- 9782757896860
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Le séminaire Livre XV : L'acte psychanalytique
Jacques Lacan
- Seuil
- Champ Freudien
- 9 Février 2024
- 9782021552263
Ce Séminaire marque un tournant. Il traite d'une question et d'une seule, à laquelle Lacan n'avait jusqu'alors répondu que de biais : qu'est-ce qu'un analyste ? Réponse : c'est un analysant (mot que Lacan substitue à celui d'analysé) qui a mené à son terme l'expérience analytique. Quel est ce terme idéal ? Pour le savoir, il convient d'articuler la logique du parcours d'une analyse. À son commencement, il y a un désir inédit, qui suppose un franchissement, c'est-à-dire un acte, à l'instar de César passant le Rubicon. Cet acte est celui de l'analysant, mais l'acte psychanalytique proprement dit, c'est le psychanalyste qui l'accomplit, en ouvrant à cet analysant le champ dit du « sujet supposé savoir » où se déchiffre l'inconscient. Au terme, le s.s.s. s'évanouit, tandis que l'analyste, son support, est évacué comme le déchet de l'opération, tel oedipe finissant sa vie les yeux crevés. L'analysé devenu analyste prend son relais. Et pourquoi ? - alors qu'il sait maintenant ce qui l'attend.
Quelques leçons sont consacrées à la logique de la quantification, dont Lacan commence l'exploration, qui débouchera plus tard sur sa théorie de la sexuation.
La conclusion, inopinée, voit Lacan commenter à chaud les événements de Mai 68, contemporains de la fin du Séminaire.
Jacques-Alain Miller -
L'angoisse : séminaire livre X (1962-1963)
Jacques Lacan
- Points
- Points Essais
- 10 Novembre 2021
- 9782757891070
Tout ce que nous savons d'absolument nouveau et original sur la structure du sujet et la dialectique du désir que nous avons à articuler, nous analystes, nous l'avons appris par quelle voie ? Par la voie de l'expérience du névrosé. Or, que nous a dit Freud à ce propos ? Que le dernier terme où il soit arrivé en élaborant cette expérience, son point d'arrivée, sa butée, le terme pour lui indépassable, c'est l'angoisse de castration.
Qu'est-ce à dire ? Ce terme est-il indépassable ? Que signifie cet arrêt de la dialectique analytique sur l'angoisse de castration ? Ne voyez-vous pas déjà, dans le seul usage du schématisme que j'emploie, se dessiner la voie par où j'entends vous conduire ? Elle part d'une meilleure articulation de ce fait de l'expérience que Freud a désigné dans la butée du névrosé sur l'angoisse de castration. L'ouverture que je vous propose, la dialectique qu'ici je vous démontre, permet d'articuler que ce n'est point l'angoisse de castration en elle-même qui constitue l'impasse dernière du névrosé.
(Extrait du chapitre IV)
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Le désir et son interprétation (séminaire livre VI (1958-1959))
Jacques Lacan
- Points
- Points Essais
- 10 Novembre 2022
- 9782757898260
Que montre Lacan ? Que le désir n'est pas une fonction biologique ; qu'il n'est pas coordonné à un objet naturel ; que son objet est fantasmatique. De ce fait, le désir est extravagant, insaisissable. Mais aussi, s'il n'est pas reconnu, il fabrique du symptôme.
Si le désir déroute, il suscite en contrepartie l'invention d'artifices jouant le rôle de boussoles, de montages signifiants, de discours. Ils disent ce qu'il faut faire : comment penser, comment jouir, comment se reproduire.
Jusqu'à une époque récente, nos boussoles indiquaient toutes le même nord : le Père. On croyait le patriarcat un invariant anthropologique.
Freud est de l'âge du Père, alors que pour Lacan, le Père n'est qu'un symptôme.
D'où l'éloge de la perversion. Lacan lui donne la valeur d'une rébellion contre la routine sociale.
Ce séminaire annonçait « le remaniement des conformismes antérieurement instaurés, voire leur éclatement ». Nous y sommes. Lacan parle de nous.
Jacques-Alain Miller -
Avant que d'être psychanalyste, Lacan a été psychiatre. On n'aurait pas republié ses premiers écrits s'ils n'invitaient à une lecture après coup. Que nous apprennent-ils de la formation du futur analyste ?
Sa clinique est enracinée dans l'unicité du cas. Celui-ci n'est jamais choisi que pour sa « singularité ». Il faut qu'il présente un « caractère original », une « atypicité ». On pourrait y reconnaître une orientation vers le « un par un » qu'impose la pratique analytique.
La singularité du cas se retrouve au niveau du détail clinique, serré avec un souci de précision poussé à l'extrême de la minutie. Lacan fera état plus tard de son goût pour « la fidélité à l'enveloppe formelle du symptôme ».
Trois autres traits font traces de l'avenir. C'est l'usage du mot de structure pour désigner l'organisation d'une entité formant un tout, et détachée de la notion de développement. C'est l'importance accordée à l'analyse des écrits des malades. Et de là, la connexion établie du symptôme à la création littéraire. -
Il faut avoir lu ce recueil, et dans son long, pour y sentir que s'y poursuit un seul débat, toujours le même, et qui, dût-il paraître dater, se reconnaît pour être le débat des lumières.
C'est qu'il est un domaine où l'aurore même tarde : celui qui va d'un préjugé dont ne se débarrasse pas la psychopathologie, à la fausse évidence dont le moi se fait titre à parader de l'existence.
L'obscur y passe pour objet et fleurit de l'obscurantisme qui y retrouve ses valeurs.
Nulle surprise donc qu'on résiste là même à la découverte de Freud, terme qui se rallonge ici d'une amphibologie : la découverte de Freud par Jacques Lacan.
J.L.
( Début du prière d'insérer, 1966 ) Pour la première fois en édition de poche, le texte intégral des Écrits.
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Les psychoses ; séminaire livre 3, 1955-1956
Jacques Lacan
- Points
- Points Essais
- 20 Septembre 2018
- 9782757872864
Que peut vouloir dire être père ? Vous connaissez les discussions savantes dans lesquelles on entre aussitôt, ethnologiques ou autres, pour savoir si les sauvages qui disent que les femmes conçoivent quand elles sont placées à tel endroit ont bien la notion scientifique que les femmes deviennent fécondes quand elles ont dûment copulé. Ces interrogations sont tout de même apparues à plusieurs comme participant d'une niaiserie parfaite, car il est difficile de concevoir des animaux humains assez abrutis pour ne pas s'apercevoir que, quand on veut avoir des gosses, il faut copuler. La question n'est pas là. La question est que la sommation de ces faits ? copuler avec une femme, qu'elle porte ensuite quelque chose pendant un certain temps dans son ventre, que ce produit finisse par être éjecté ? n'aboutira jamais à constituer la notion de ce que c'est qu'être père, je parle simplement de ce que c'est qu'être père au sens de procréer.
J. L.
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Le séminaire livre XIV : la logique du fantasme
Jacques Lacan
- Seuil
- Champ Freudien
- 27 Janvier 2023
- 9782021524321
« Logique du fantasme », l'expression revient tout du long du Séminaire comme un leitmotiv. Cependant, nulle leçon ne lui est consacrée, ni même un développement un peu soutenu. Est-ce à dire que la logique du fantasme joue ici le rôle d'une Arlésienne nouvelle manière ? Non, si l'on veut bien admettre que cette logique est le point de convergence des propos de Lacan, ce que j'ai voulu indiquer en intitulant le tout dernier chapitre « L'axiome du fantasme ».
C'est ainsi qu'il commence en croisant audacieusement le groupe mathématique de Klein avec le cogito cartésien, modifié de manière à délivrer l'alternative « Ou je ne suis pas, ou je ne pense pas ». D'où Lacan trouve occasion à résumer en quatre temps le cours d'une analyse.
Autre croisement mathématico-psychanalytique : l'acte sexuel éclairé à partir du Nombre d'or. Il s'ensuit qu' « il n'y a pas d'acte sexuel », amorce de ce dit devenu pont-aux-ânes : « il n'y a pas de rapport sexuel ».
On trouvera aussi l'invention d'une « valeur de jouissance », inspirée par Marx, et on aura la surprise de voir le grand Autre, « lieu de la parole », nouvellement défini comme « le corps », lieu primordial de l'écriture.
Bien d'autres vues et constructions saisissantes attendent le lecteur s'il veut bien suivre dans ses méandres, piétinements, revirements, et aussi avancées et fulgurances, une pensée obstinée et profondément honnête, qui, lorsqu'elle rencontre telle pierre d'achoppement, ne la contourne jamais, mais s'emploie à en faire une pierre angulaire.
Jacques-Alain Miller -
L'éthique de la psychanalyse ; séminaire, livre VII
Jacques Lacan
- Points
- Points Essais
- 13 Juin 2019
- 9782757877616
« Il convient que nous nous arrêtions à ce défilé, à ce passage étroit où Freud lui-même s'arrête, et recule avec une horreur motivée. Tu aimeras ton prochain comme toi-même - ce commandement lui paraît inhumain.
Ne peut-on dire que Sade nous enseigne une tentative de découvrir les lois de l'espace du prochain comme tel ? - ce prochain en tant que le plus proche, que nous avons quelquefois, et ne serait-ce que pour l'acte de l'amour, à prendre dans nos bras. Je ne parle pas ici d'un amour idéal, mais de l'acte de faire l'amour.
Nous savons très bien combien les images du moi peuvent contrarier notre propulsion dans cet espace.
De celui qui s'y avance dans un discours plus qu'atroce, n'avons-nous pas quelque chose à apprendre sur les lois de cet espace en tant que nous y leurre la captivation imaginaire par l'image du semblable ? »
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Le lecteur apprendra ce qui s'y démontre : l'inconscient relève du logique pur, autrement dit du signifiant.
L'épistémologie ici fera toujours défaut, si elle ne part d'une réforme, qui est subversion du sujet.
L'avènement ne peut s'en produire que réellement et à une place que tiennent présentement les psychanalystes.
C'est à transcrire cette subversion, du plus quotidien de leur expérience, que Jacques Lacan s'emploie pour eux depuis quinze ans.
La chose a trop d'intérêt pour tous, pour qu'elle ne fasse pas rumeur.
C'est pour qu'elle ne vienne pas à être détournée par le commerce culturel que Jacques Lacan de ces écrits fait appel à l'attention.
J.L.
( Fin de la prière d'insérer, 1966 ) Pour la première fois en édition de poche, le texte intégral des Écrits.
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La relation d'objet ; séminaire livre IV (1956-1957)
Jacques Lacan
- Points
- Points Essais
- 25 Février 2021
- 9782757884263
Cette mère inassouvie, insatisfaite, autour de laquelle se construit toute la montée de l'enfant dans le chemin du narcissisme, c'est quelqu'un de réel, elle est là, et comme tous les êtres inassouvis, elle cherche ce qu'elle va dévorer, quaerens quem devoret. Ce que l'enfant lui-même a trouvé autrefois pour écraser son inassouvissement symbolique, il le retrouve possiblement devant lui comme une gueule ouverte. [...] Voilà le grand danger que nous révèlent ses fantasmes, être dévoré. [...] il nous donne la forme essentielle sous laquelle se présente la phobie. Nous rencontrons cela dans les craintes du petit Hans. [Ici], vous verrez mieux les relations de la phobie et de la perversion. [...] J'irai jusqu'à dire que le cas du petit Hans, vous l'interpréterez mieux que Freud n'' pu le faire. (chapitre XI) La castration, ce n'est pas pour rien qu'on s'est aperçu, de façon ténébreuse, qu'elle avait tout autant de rapport avec la mère qu'avec le père. [...] Il y a antériorité de la castration maternelle, et la castration paternelle en est un substitut. (chapitre XXI)
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Vous n'avez qu'à aller regarder à Rome la statue du Bernin pour comprendre tout de suite qu'elle jouit, sainte Thérèse, ça ne fait pas de doute. Et de quoi jouit-elle ? Il est clair que le témoignage essentiel des mystiques, c'est justement de dire qu'ils l'éprouvent, mais qu'ils n'en savent rien.
Ces jaculations mystiques, ce n'est ni du bavardage, ni du verbiage, c'est en somme ce qu'on peut lire de mieux. Ce qui se tentait à la fin du siècle dernier, au temps de Freud, ce qu'ils cherchaient, toutes sortes de braves gens dans l'entourage de Charcot et des autres, c'était de ramener la mystique à des affaires de foutre. Si vous y regardez de près, ce n'est pas ça du tout. Cette jouissance qu'on éprouve et dont on ne sait rien, n'est-ce pas ce qui nous met sur la voie de l'ex-sistence ? Et pourquoi ne pas interpréter une face de l'Autre, la face Dieu, comme supportée par la jouissance féminine ?
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Le moi dans la théorie de Freud et dans la technique de la psychanalyse
Jacques Lacan
- Points
- Points Essais
- 4 Juin 2015
- 9782757853139
J'ai trouvé à votre usage une très curieuse ordonnance de 1277. À ces époques de ténèbres et de foi, on était forcé de réprimer les gens qui, sur les bancs de l'école, en Sorbonne et ailleurs, blasphémaient ouvertement pendant la messe le nom de Jésus et de Marie. [.] Les punitions les plus sévères étaient édictées contre ceux qui jouaient aux dés pendant le saint sacrifice. Ces choses me semblent suggérer l'existence d'une dimension d'efficace qui manque singulièrement à notre époque. Et ce n'est pas pour rien que je vous fais jouer au jeu de pair ou impair. [...] C'est avec le symbolisme, c'est de ce dé qui roule que surgit le désir. Je ne dis pas désir humain car, en fin de compte, l'homme qui joue avec le dé est captif du désir ainsi mis en jeu. Il ne sait pas l'origine de son désir, roulant avec le symbole écrit sur les six faces.
(Chapitres 17 et 18).
Jacques Lacan (1901-1981) :
Figure incontournable de la psychanalyse, il a marqué le paysage intellectuel français et international. Son oeuvre, en grande partie constituée par son enseignement - le Séminaire -, est publiée aux Éditions du Seuil.
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De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité
Jacques Lacan
- Points
- Points Essais
- 7 Mai 2015
- 9782757853023
Thèse publiée non sans réticence.
À prétexter que l'enseignement passe par le détour de midire la vérité.
Y ajoutant : à condition que l'erreur rectifiée, ceci démontre le nécessaire de son détour.
Que ce texte ne l'impose pas, justifierait la réticence.
J. L.
De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité constituait la thèse de doctorat en médecine de Jacques Lacan, éditée une première fois en octobre 1932.
Jacques Lacan (1901-1981) :
Figure incontournable de la psychanalyse, il a marqué le paysage intellectuel français et international. Son oeuvre, en grande partie constituée par son enseignement - le Séminaire -, est publiée aux Éditions du Seuil.
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Les ecrits techniques de freud 1953-1954, tome 1 - le seminaire
Jacques Lacan
- Points
- Points Essais
- 2 Septembre 1998
- 9782020352352
Le maître interrompt le silence par n'importe quoi, un sarcasme, un coup de pied.
C'est ainsi que procède dans la recherche du sens un maître bouddhiste, selon la technique zen, car il appartient aux élèves eux-mêmes de chercher la réponse à leurs propres questions. Le maître n'enseigne pas ex cathedra une science toute faite, il apporte la réponse quand les élèves sont sur le point de la trouver.
Cet enseignement est un refus de tout système. Il découvre une pensée en mouvement - prête néanmoins au système, car elle présente nécessairement une face dogmatique. La pensée de Freud est la plus perpétuellement ouverte à la révision. C'est une erreur de la réduire à des mots usés. Chaque notion y possède sa vie propre. C'est ce qu'on appelle précisément la dialectique.
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Le séminaire livre XVIII ; d'un discours qui ne serait pas du semblant
Jacques Lacan
- Seuil
- Champ Freudien
- 31 Octobre 2007
- 9782020902199
Ceci est un livre sur l'écriture. Mais d'écrit, il y en a plus d'un.
Ce que l'on remarque d'abord, ce sont les caractères chinois qui parsèment plusieurs chapitres. Lacan préparait ainsi un voyage en Chine avec Barthes et Sollers. Il y renonça, pour une virée au Japon, dont on a ici le journal, conceptuel plutôt qu'anecdotique. Un autre mode d'écriture est encore sollicité : les formules logiques de la quantification, traduisant « tous », « aucun », « quelques-uns qui... », quelques-uns qui... ne ...pas ». Il en ressort que le « rapport sexuel », lui, n'est pas susceptible d'être écrit. Et il y a enfin les cris. « Un homme et une femme peuvent s'entendre. Ils peuvent s'entendre crier ». Un pessimisme joyeux imprègne cette sagesse, qui arrive toute fraîche de l'année 1970-1971. Elle pousse à conclure qu'il n'y a aucun discours qui ne prenne son départ d'un semblant porté à la fonction de maître-mot (« le signifiant-maître »).
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- Le Séminaire XIX fait couple avec le précédent, le Séminaire XVIII ( D'un discours qui ne serait pas du semblant, 2007) : même formalisation pour structurer le même rapport sexuel, qui n'existe pas dans l'espèce humaine. En fait, les hommes et les femmes sont comme deux races distinctes, ayant chacune son mode de jouir et sa façon d'aimer. Du côté femme, pas de limite : l'infini est là. Du côté homme, il y en a toujours au moins un qui dit non : une exception fonctionne, moyennant quoi il y a, corrélativement, un tout : il y a le " tous les hommes ", le règne de l'universel, l'univers de la règle, le respect de la loi, la solidarité des tous pareils, la révérence pour le chef (lui non châtré), la mise en ordre, en rangs, l'armée, " je ne veux voir qu'une seule tête ", l'uniforme et l'uniformité, la bureaucratie, ennui, obsession, " je suis maître de moi comme de l'univers ", dépression... Côté femme, le divin " pas-tout " : il n'y a pas " toutes les femmes ", elles se prennent une par une, elles s'énumèrent, " mille e tré ", chacune est Autre, aucune n'est toute, toutes sont folles (ne respectent rien), pas folles du tout (pas obnubilées par les semblants), l'Éternel Féminin n'attire nullement vers en-haut, mais vous plaque ici-bas, au service de sa jouissance, insituable, insatiable...Texte établi par Jacques-Alain Miller - Jacques Lacan (1901-1981) est une figure incontournable de la psychanalyse, qui a marqué le paysage intellectuel français et international. Son oeuvre, en grande partie constituée par son enseignement - le Séminaire -, est publiée aux Editions du Seuil.
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Ces murs sont ceux de la chapelle de Sainte-Anne. Invité à y prononcer des conférences, Lacan, 70 ans, y retrouve sa jeunesse d'interne en psychiatrie. Il s'amuse, improvise, se laisse aller. C'est du savoir qu'il parlera, annonce-t-il, et l'intention est polémique : les meilleurs de ses élèves, eux, captivés par l'idée que l'analyse fait le vide, ont levé le drapeau du non-savoir, emprunté à Georges Bataille. Non, dit Lacan, la psychanalyse procède du savoir, d'un savoir supposé, supérieurement organisé, qui est l'inconscient. On n'y accède que par deux voies : la vérité, d'abord (l'analysant s'efforce de dire tout ce qui lui passe par la tête), la jouissance, ensuite (l'analyste interprète toujours les dits de l'analysant en termes de libido ). Deux autres voies en barrent l'accès : l'ignorance (s'y adonner avec passion, c'est toujours consolider le savoir établi), et le pouvoir (passion de la puissance, d'où méconnaissance de ce que seul révèle l'acte manqué). Ce qu'enseigne la psychanalyse de plus précieux, c'est l'impuissance. Leçon de sagesse pour une époque, la nôtre, qui voit la bureaucratie, au bras de la science, rêver de changer l'homme dans ce qu'il a de plus profond, que ce soit par la propagande (les campagnes anti-tristesse), la manipulation directe du cerveau (NeuroSpin), ou la bio-technologie .
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On trouvera ici un Lacan dans toute la verdeur de son premier enseignement, jubilant et prodigue de ses dons. Ce volume réunit trois textes des années 50, de la période la plus structuraliste de Lacan.
« Mythe individuel » : l'expression est pêchée dans Lévi-Strauss. Lacan met en oeuvre l'idée à propos des mémoires de Goethe, d'un épisode de jeunesse rapporté dans Poésie et vérité. Il en sort un « cas Goethe », au croisement des Cinq psychanalyses de Freud et de l'Anthropologie structurale de Lévi-Strauss. Autant ce premier texte est travaillé (ce fut une conférence au Collège de philosophie), autant le second est improvisé, dans le feu d'un Colloque de sociologie religieuse. Lacan, introduit comme le « chef » de la psychanalyse française, explique la notion de symbole, décrypte saint Jean de la Croix, et tourmente de façon bien divertissante le malheureux Mircea éliade. Enfin, vient une question de Lacan à Lévi-Strauss, avec une brève réponse de celui-ci (le cadre de l'échange est la Société française de philosophie). On trouvera ici un Lacan dans toute la verdeur de son premier enseignement, jubilant et prodigue de ses dons.
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Le seminaire livre xvii, tome 17 - l'envers de la psychanalyse
Jacques Lacan
- Seuil
- Champ Freudien
- 6 Mars 1991
- 9782020130448
[on peut] trouver à justifier avec mes petits schémas, que l'étudiant n'est pas déplacé à se sentir frère, comme on dit, non pas avec le prolétariat, mais avec le sous-prolétariat.
Le prolétariat, il est comme la plèbe romaine - c'étaient des gens très distingués. la lutte de classe contient peut-être cette petite source d'erreur au départ, que ça ne se passe absolument pas sur le plan de la vraie dialectique du discours du maître - ça se place sur le plan de l'identification. senitius populusque romanus. ils sont du même côté. et tout l' empire, c'est les autres en plus.
Il s'agit de savoir pourquoi les étudiants se sentent avec les autres en plus.
Ils ne semblent pas du tout voir clairement comment en sortir.
Je voudrais leur faire remarquer qu'un point essentiel du système est la production - la production de la honte. cela se traduit - c'est l'impudence.
C'est pour cette raison que ce ne serait peut-être pas un très mauvais moyen que de ne pas aller dans ce sens-là.
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Le seminaire livre xxiii, tome 23 - le sinthome (1975-1976)
Jacques Lacan
- Seuil
- Champ Freudien
- 18 Mars 2005
- 9782020796668
dix fois, un vieillard aux cheveux blancs paraît sur la scène.
dix fois souffle et soupire. dix fois dessine lentement d'étranges arabesques multicolores qui se nouent entre elles et aux méandres et volutes de sa parole tour à tour embarrassée et déliée. ils sont une foule à contempler médusés l'homme-énigme, et à recevoir l'ipse dixit en espérant une illumination
qui se fait attendre. non lucet, il ne fait pas clair là-dedans, et les théodore cherchent des allumettes.
pourtant, se disent-ils, cuicumque in sua arteperito credendum est, qui a prouvé être habile en son art mérite créance. a partir de quand quelqu'un est-il fou ? le maître lui-même pose la question. c'était jadis. c'étaient les mystères de paris il y a trente ans.
tel dante prenant la main de virgile pour s'avancer dans les cercles de l'enfer, lacan prenait celle de james joyce, l'illisible irlandais, et, à la suite de ce fluet commandeur des incroyants, entrait d'un pas lourd et trébuchant dans la zone incandescente où brûlent et se tordent femmes-symptômes et hommes-ravages.
une troupe équivoque l'assistait cahin-caha : son gendre ; un écrivain ébouriffé, alors jeune et tout aussi illisible ; deux mathématiciens dialoguant ; et un professeur lyonnais attestant le sérieux de toute l'affaire. quelque pasiphaé discrète s'employait derrière le rideau. riez, braves gens ! je vous en prie. moquez-vous ! notre illusion comique est là pour ça. ainsi ne saurez-vous rien de ce qui se déroule sous vos yeux écarquillés : la mise en question la plus méditée, la plus lucide, la plus intrépide, de l'art sans pareil que freud inventa, et que l'on connaît sous le pseudonyme de psychanalyse.
(jacques-alain miller)
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Le seminaire livre viii, tome 8 - le transfert (1960-1961)
Jacques Lacan
- Seuil
- Champ Freudien
- 20 Juin 2001
- 9782020495240
Alcibiade a voulu subordonner socrate à l'objet de son désir à lui, alcibiade, qui est agalma, le bon objet.
Comment ne pas reconnaître, nous analystes, ce dont il s'agit ? c'est dit en clair - c'est le bon objet que socrate a dans le ventre. socrate n'est plus là que l'enveloppe de ce qui est l'objet du désir. c'est pour bien marquer qu'il n'est que cette enveloppe, qu'alcibiade a voulu manifester que socrate est, par rapport à lui, le serf du désir, que socrate lui est asservi par le désir. le désir de socrate, encore qu'il le connût, il a voulu le voir se manifester dans son signe, pour savoir que l'autre, objet, agalma, était à sa merci.
Or, c'est justement d'avoir échoué dans cette entreprise qui pour alcibiade le couvre de honte (...) c'est que devant tous est dévoilé dans son trait le secret le plus choquant, le dernier ressort du désir, qui oblige toujours dans l'amour à le dissimuler plus ou moins - sa visée est la chute de l'autre, a, en autre, a. (extrait du chapitre xii)
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Le seminaire, livre v : les formations de l'inconscient
Jacques Lacan
- Seuil
- Champ Freudien
- 10 Juin 1998
- 9782020256681
Quand j'ai résolu d'aborder cette année devant vous la question du Witz ou du Wit, j'ai commencé un petite enquête. Il n'y a rien d'étonnant à ce que je l'aie commencée en interrogeant un poète. C'est un poète qui introduit dans sa prose comme aussi bien dans des formes plus poétiques, la dimension d'un esprit spécialement danseur qui habite son oeuvre, et qu'il fait jouer même quand il parle à l'occasion de mathématiques, car il est aussi un mathématicien. J'ai nommé ici Raymond Quencau. Alors que nous échangions là-dessus nos premiers propos, il m'a raconté une histoire. C'est une histoire d'examen, de baccalauréat si vous voulez. Il y a le candidat, il y a l'examinateur.
- Parlez-moi, dit l'examinateur, de la bataille de Marengo.
Le candidat s'arrête un instant, l'air rêveur - La bataille de Marengo...?
Des morts ! C'est affreux... Des blessés ! C'est épouvantable...
- Mais, dit l'examinateur, ne pourriez-vous me dire sur cette bataille quelque chose de plus particulier ?
Le candidat réfléchit un instant, puis répond - Un cheval dressé sur ses pattes de derrière, et qui hennissait.
L'examinateur surpris, veut le sonder un peu plus loin et lui dit - Monsieur dans ces conditions voulez-vous me parler de la bataille de Fontenoy ?
- La bataille de Fontenoy ?... Des morts ! Partout... Des blessés ! Tant et plus, une horreur...
L'examinateur intéressé, dit - Mais monsieur, pourriez-vous me dire quelque indication plus particulière sur cette bataille de Fontenoy ?
- Ouh ! dit le candidat, un cheval dressé sur ses pattes de derrière, et qui hennissait.
L'examinateur, pour manoeuvrer, demande au candidat de lui parler de la bataille de Trafalgar. Celui-ci répond - Des morts ! Un charnier... Des blessés ! Par centaines...
- Mais enfin monsieur, vous ne pouvez rien me dire de plus particulier sur cette bataille ?
- Un cheval...
- Pardon, monsieur, je dois vous faire observer que la bataille de Trafalgar est une bataille navale.
- Ouh ! Ouh ! dit le candidat, arrière cocotte !
La valeur de cette histoire est à mes yeux de permettre de décomposer, je crois, ce dont il s'agit dans le trait d'esprit.
(Extraits du chapitre VI)