À l'aube des temps, au milieu d'une nature opulente, dans un Japon archaïque écartelé entre chefferies rivales, la princesse Himiko devient la proie des rois. Outragée par des brutes esclaves de leurs pulsions, elle médite sa vengeance sur les mâles dominants.
Inspiré par la lecture d'antiques récits et du Salammbô de Flaubert, Yokomitsu Riichi bâtit avec Soleil un joyau littéraire éclairé par la beauté fauve des grands mythes. Comme un Miyazaki par anticipation.
Avec cette histoire du droit couvrant plus de deux millénaires, Tamar Herzog, enseignante à Harvard, accompli un tour de force : son ouvrage est une synthèse claire et accessible des évolutions du droit dans toute l'Europe, en même temps qu'une façon de réinscrire le droit dans l'histoire - et non pas de la laisser planer hors-sol. Mais c'est aussi un vaste récit, non dénué d'humour, qui permettra à chacun de mieux appréhender les motifs qui président à l'organisation des sociétés occidentales contemporaines.
Beau comme l'antique ! Turpidum, la bien nommée, est la dernière cité étrusque indépendante. Larth, son roi à peine sevré, se sent un peu perdu dans son décorum fatigué. La peinture des fresques s'écaille en silence, la populace s'affaire par les ruelles au sol gras, on prépare le sable pour les jeux dans l'arène. Rome exige l'abdication du petit roi maigrichon, amateur de fruits juteux et bien arrondis. Un énigmatique gladiateur masqué fait son apparition par intervalles. La reine mère agonise au fond de son palais, pourrissant comme une gloire inutile. Matière et lumière, soleil et pénombre. Des couleurs par giclées, écrasées à la spatule. Du laurier, un cyprès, une olive, les mollets luisants des légionnaires. Un péplum total, impressionniste, le Satyricon de Mika Biermann.
Cet ouvrage pre´sente des drames maritimes au de´nouement heureux. En une quarantaine de vignettes dote´es d'une forte puissance suggestive, il rapporte les actes salvateurs accomplis par des gens ordinaires.
De Noume´a a` Douarnenez, de la Vende´e aux co^tes provenc¸ales, au large ou sur les plages, il relate des incidents brie`vement archive´s dans les Annales du sauvetage maritime entre 1891 et 1931 : les gestes d'individus qui, parce que la mer le demande partout et toujours, sont alle´s sans y penser porter secours a` leur prochain.
A` conside´rer cet ensemble de re´cits minuscules, Philippe Artie`res propose l'e´bauche d'une « histoire du moindre », une histoire du bas bruit profonde´ment arrime´e au quotidien et au sens commun, qui vient questionner la fabrique de l'e´ve´nement et des he´ros.
Sarah Winnemucca Hopkins (vers 1844-1891), née parmi les Paiutes du Nord dans le Nevada, incarne toutes les contradictions et le tragique de la Conquête de l'Ouest. Très tôt confiée par son père à une famille de Blancs, elle apprend l'anglais avant de retourner parmi les siens. Lorsque survient la guerre contre les ÉtatsUnis, elle se trouve du côté des Américains, en qualité d'éclaireuse ; mais la paix revenue, elle s'engage pour le reste de son existence en faveur des Indiens, dénonçant sans relâche face aux autorités les injustices qui leur ont été faites.
Son récit trépidant est un des témoignages les plus poignants de l'histoire des Amérindiens, en même temps que le plaidoyer d'une femme au caractère exceptionnel.
Voilà l'été. Berthe Morisot, peintre impressionniste, et Eugène Manet, son mari affable, quittent Paris pour une partie de campagne. Ils posent valises et chevalet dans une maison champêtre, havre d'une douceur estivale propice à toutes sortes d'expérimentations nocturnes.
Dans ce roman formant un diptyque avec Trois jours dans la vie de Paul Cézanne, Mika Biermann confond allègrement mots et couleurs, phrases et perspectives, écriture et peinture.
De ces pages, comme d'autant de toiles, surgissent des méditations corrosives sur la chair comme matière à peindre.
L'oeil chafouin, le poil hirsute, Paul Cézanne crapahute dans la garrigue, suant sous son melon, le chevalet harnaché sur le dos comme à un baudet. Apparaît la bottine d'une femme gisant sur un talus, et c'est le drame.
Trois jours dans la vie de Paul Cézanne suffisent à Mika Biermann pour faire sauter les écailles de peinture, gratter la trame, ajourer jusqu'à l'os le portraitiste de la Sainte- Victoire.
Il transforme un thriller sordide en une Odyssée sur une mer de peinture, dans des pinèdes et des sous bois aux nuances fauves, sur les traces du peintre bourru, vaniteux et obsédé par des chimères grotesques qui n'engendrent pas la mélancolie.
On en termine la lecture avec les doigts maculés de couleurs vives et l'oeil fringant.
En avril 1431, le nef Querina, navire vénitien, quitte la Crète pour les Flandres, avec à son bord soixante-huit hommes. Le voyage devait durer dix mois. Dix-huit mois plus tard, seuls onze rescapés emplis d'effroi reviennent à Venise.
De leur épouvantable naufrage, nous possédons deux témoignages, l'un de Pietro Querini, propriétaire et capitaine du navire, et l'autre des marins Cristoforo Fioravante et Nicolò de Michiel.
Tous racontent comment, poussés par des tempêtes incessantes en plein Atlantique, après des semaines de dérive, ils échouèrent finalement au coeur de l'hiver boréal sur une île déserte de l'archipel des Lofoten, au nord de la Norvège.
Dans ces récits de survivants nous est révélée avec une force rare la peur universelle de l'engloutissement dans les abysses.
Ragnarr, le Viking dans toute sa gloire, sillonne les mers en quête d'exploits. Mais lorsqu'il s'élance à la conquête de l'Angleterre, il affronte un sort funeste : il est précipité dans une fosse aux serpents. Là, il déclame son chant funèbre, le Chant de Kraka, un somptueux poème scaldique. Ses redoutables fils, Ivarr sans Os, Hvitserkr le vigoureux, Björn Flanc de Fer et Sigurôr Serpent dans l'oeil, viendront assouvir une horrible vengeance sur son meurtrier, le roi Ella d'Angleterre.
La Saga de Ragnarr loobrok, ici accompagnée de la traduction du Dit des Fils de Ragnarr et du Chant de Kraka, est un chef-d'oeuvre de la littérature scandinave ancienne. Elle hante l'Occident depuis des siècles ; aujourd'hui, la série Vikings lui est consacrée.
Il ne suffit pas de collecter et d'estampiller un objet comme « archéologique », encore faut-il répondre à la question : pourquoi est-il là ?
Pierre Gouletquer, archéologue paisiblement décalé, sort ici des contraintes disciplinaires pour penser les fondamentaux de l'archéologie ; notoirement l'appréhension des territoires. Il propose une réflexion à la fois profonde et accessible sur les notions de parcours, de circulation des choses, des hommes, et de l'information dans le temps et dans l'espace.
Explorant ainsi nos façons de concevoir et de vivre les territoires, il outille et ouvre en grand le regard archéologique de tout un chacun.
Préhistoire du futur est paru en 1979 et n'a jamais été réédité depuis. Il est de ces ouvrages sulfureux, presque légendaires, dont beaucoup d'archéologues ont entendu parler, mais que peu ont lus. Le dialogue entre deux générations de chercheurs qui complète cette réédition en souligne toute l'actualité tant scientifique que politique.
En 1832, sous la poussée des colons américains, Black Hawk, chef des Indiens Sauks établis sur le Haut Mississippi dans l'Illinois actuel, se lançait dans une guerre - catastrophique - contre les États- Unis. Les Sauks, massacrés, divisés, furent refoulés vers l'Ouest et Black Hawk emmené en captivité. C'est alors qu'il écrivit sa célèbre Autobiographie.
Ce récit, les premières mémoires d'un chef indiens, connut un immense succès. Le chef des Sauks y raconte les origines de son peuple, puis décrit sa carrière de chef de guerre, et surtout son combat contre les Américains.
Il compose alors une fresque dépeignant le cynisme de ses adversaires et l'injustice tragique contre laquelle il a combattu jusqu'au bout. Ce livre est le dernier coup porté par le vieux guerrier à ses ennemis.
Adelmo Farandola, mène une existence revêche dans la montagne. Ermite lunatique et acariâtre, il n'a pas le souvenir très lucide. Les saisons se fondent en un brouillard opaque dans sa mémoire. Mais cet hiver-là surgit un chien. Bavard. Pétulant. La truffe en éveil. Il adopte Adelmo Farandola.
Au printemps, la fonte des neiges révèle un pied humain non loin de leur cabane. Adelmo Farandola ne se souvient pas très bien des événements de l'an passé. À qui appartient ce pied ? Dans son esprit engourdi s'insinue une inquiétude croissante.
Avec Le chien, la neige, un pied, Claudio Morandini compose un conte cruel, une de ces histoires à donner le frisson qu'on se raconte le soir à la veillée.
Thèbes, cité mythique. Étéocle et Polynice, les fils d'oedipe, ont été maudits par leur père. Aujourd'hui, Étéocle règne dans la ville et son frère arrive avec six autres guerriers superbes pour lui enlever le trône par la force. La bataille s'engage, qui verra le fratricide réciproque des fils d'oedipe clore cette « pièce de guerre » lestée d'une puissance inouïe. Pierre Judet de La Combe propose ici non seulement une nouvelle traduction inédite de ce chef d'oeuvre, mais encore en déploie dans un commentaire fournis toutes les opportunités interprétatives, sur le politique, la guerre, le mythe et les rites, jusqu'à questionner l'espace singulier de la tragédie grecque, qui se nourri de la complexité du monde et pourtant lui échappe. La raison de sa grandeur, encore efficace aujourd'hui
C'est bien connu : la musique adoucit les moeurs. Firmin Falaise, mélomane et diplomate, en est en tous les cas convaincu. Après quelques déboires, aux abords de l'année 1900, il se voit finalement autorisé par le ministère à organiser une « colonne musicale », une expédition à destination du fin fond du Dahomey, sur une boucle du Niger, afin d'aller civiliser les jeunes garçons en leur apprenant à jouer Haydn, Bach ou Beethoven.
La colonne sera commandée par le rigide capitaine Isidore Mouc-Marc, qui se fait la même idée de la chose musicale que de la chose militaire. Violoncelles et violons, escortés d'hommes en armes, partent ainsi pour le coeur de « l'Afrique mystérieuse ».
L'historien américain Andrés Reséndez raconte dans cet ouvrage l'une des plus extraordinaires aventures survenues lors de la conquête des Amériques à ses débuts.
En 1528, une armée de conquistadores partie à la conquête de la Floride fut engloutie dans le continent nord-américain. Seuls quatre survivants hallucinés revinrent, presque dix ans plus tard, en terre chrétienne.
L'histoire de Cabeza de Vaca et ses compagnons, dont un esclave noir marocain, est celle d'hommes démunis confrontés à un monde radicalement étrange qu'ils durent apprendre à apprivoiser pour survivre. C'est une histoire de violences et de terreurs, un voyage au coeur des ténèbres, mais c'est aussi l'histoire d'une rencontre et d'une initiation. Une expérience humaine bouleversante.
Franz Boas (1858-1942) est regardé comme le père fondateur de l'anthropologie américaine. Son oeuvre, extraordinairement foisonnante, reste pourtant notablement ignorée en France. Ce sont particulièrement ses collectes proprement colossales de textes indiens, la plupart recueillis sur la côte Nord-Ouest, qui ont fait sa renommée, et dont Claude Lévi-Strauss a su tirer parti.
Cet ouvrage se propose d'élucider ses méthodes de travail en se focalisant sur l'attention portée à la translittération puis à la traduction du matériau collecté : comment entendre, comprendre, transcrire et traduire des langues et récits de tradition orales ? Les réponses multiples et pionnières adoptées par Boas dessinent une pensée singulière que l'ensemble des sciences-humaines a intérêt à méditer.
La Saga des Orcadiens est l'une des plus anciennes sagas islandaises que l'on connaisse, un chef d'oeuvre rédigé vers la fin du xiie siècle. Elle rapporte l'histoire des archipels écossais et de leur colonisation par les Vikings. Centrée sur les jarls qui les gouvernèrent pendant trois siècles, elle raconte avec une vivacité narrative exceptionnelle les intrigues, complots, batailles et manoeuvres qui présidèrent à la destinée de ces îles nordiques, un univers bouillonnant où se superposaient les mondes celtiques et scandinaves.
Hantée par des personnages, hommes et femmes, hauts en couleur, elle est également l'une des seules à mettre en scène une croisade menée par des Vikings, de l'Espagne à la mythique Constantinople.
La Nuit anglaise, pastiche bouffon jonché d'ossements et de ruines sinistres, paru en 1799, est un hilarant pot-pourri des grands classiques du roman gothique.
Le bon citoyen Dabaud, parvenu replet de la Révolution, découvre un beau jour le « Roman anglais », ou roman gothique, dont la fantaisie ne connaît pas de borne à peupler la littérature de toutes les horreurs macabres imaginables.
Atteint du « sombre délire », il se plonge avec délice dans les angoisses que lui procure la lecture des Radcliffades et autres ténébreux récits où la terreur se love sournoisement derrière la moindre phrase. Mais ces sueurs froides redoublent encore lorsqu'il se réveille, au coeur d'une étrange nuit, dans une crypte obscure, humide et inquiétante...
C'est ainsi qu'il va vivre ses fantasmes les plus fous, assailli sans relâche par divers ectoplasmes et spectres blafards à la voix sépulcrale - précieuse occasion de se livrer à la première analyse de texte in-vivo.
En 2016, Chantal Deltenre se voit confier une mission d'observation ethnographique par l'administration pénitentiaire française au « Camp Est », la prison de Nouméa en Nouvelle-Calédonie. Elle y est demeurée un mois. Étrangère à l'univers carcéral tout autant qu'au monde calédonien, elle en rapporte un récit qui plonge le lecteur de plain-pied dans un centre de détention directement hérité de la colonisation - et peuplé à 90 % de détenus kanak.
Son témoignage interroge alors avec acuité les impasses d'une justice pénale trop facilement conçue au prisme des « différences culturelles ».
Car c'est surtout la prison dans son ensemble, ici ou ailleurs, que questionne cet ouvrage.
Numance, cité celtibère de la péninsule ibérique, IIe siècle av. J.- C. Face à Rome, Carthage est déjà tombée.
Idris, le fils du chef vient au jour sous les pires auspices, sa mère décédant en couches ; son père ne le lui pardonnera jamais. Pourtant, des années plus tard, Numance la revêche doit à son tour faire face à l'ogre impérial.
Les légions de Scipion Émilien encerclent la ville et Idris se bat dans les rangs des défenseurs.
Ainsi commence la légende, lors de l'un des sièges les plus cruels que l'Antiquité ait connu.
Sur fond de cette bataille devenue mythique, José Mañas orchestre un roman de vaste ampleur. Les haines couvées, les amours trahis, les fidélités abandonnées constituent les ressorts d'un récit vibrant de vie que le narrateur distribue avec une générosité contagieuse.
Derniers feux du crépuscule avant nuit noire. Gentes dames et preux chevaliers de la cour du roi Arthur se sont élevés sur les cimes de la renommée. Ils se mettent désormais à la recherche de la gloire éternelle : le temps est venu de la quête du Graal.
Alors des signes funestes s'accumulent, et surgissent de l'au-delà d'inquiétantes figures ; une nouvelle génération, prodigieuse, est en train de voir le jour. Tristan, les pensées tout occupées par la belle Iseult, s'élance encore sur les chemins périlleux ; les passions toujours l'emportent et la soif d'aventure se perpétue dans les forêts profondes, auprès des fontaines ou dans les lices de joutes. Comme s'il fallait poursuivre la course folle, avant l'apothéose finale.
Au début de l'été 1686, plus de quatre-vingts pirates français quittaient la mer des Caraïbes pour une aventure dont ils ignoraient encore tout de l'extraordinaire.
Ils se rendirent par le détroit de Magellan dans la mer du Sud, l'océan Pacifique, porter la désolation sur les rives espagnoles d'Amérique, où ils devaient s'attarder huit longues années. Huit ans d'errances entre le Chili et le Mexique, ponctuées d'escales aux Galápagos et autres îles perdues ; huit ans de souffrances, de périls, de pillages, de meurtres.
Il a miraculeusement survécu de cette expédition d'extraordinaires manuscrits encore inédits qui nous ont conservé la chronique de leurs péripéties.
Cet ouvrage, fondé sur les textes d'époque, loin des poncifs habituels sur la piraterie, tente de raconter leur histoire.
Surgis du fin fond du décor, Lee Lightouch et Pato Conchi, le grand maigre et le petit gros, se rendent à Booming pour raison sentimentale.
« Personne ne va à Booming » ; « Prenez un bonbon, je ne crois pas qu'ils en aient » : on les avait pourtant prévenu. Kid Padoon et sa bande font régner la terreur à Booming, le shérif à leur botte, le bordel à leur service, le saloon à leur disposition, le croque-mort aux petits soins.
Mais ça n'est encore rien : il y a quelque chose de détraqué à Booming, un truc qui coince, qui débloque, qui recoince et qui vous rend cinglé.
Accrochez-vous : Booming est un western quantique qui se joue des balles et du temps qui passe.