600 pages à vous couper le souffle !
Dans une expérience assez longue d'éditeur, on croit avoir tout lu : des bons romans, des moins bons, des originaux, plusieurs excellents.
Et voici que vous ouvrez un roman qui ne ressemble à rien, et qui est si ambitieux, si réussi, si riche, si haletant, faisant preuve d'une telle maîtrise de tous les dons du romancier que l'on a peine à croire que l'auteur ait 27 ans.
Et pourtant c'est le cas. Joël Dicker, citoyen suisse et même genevois, pour son deuxième livre, va certainement étonner tout le monde.
" Lisez une page... et vous serez entraîné jusqu'au bout " combien de fois vous a-t-on fait ce coup là ?
Mais cette fois-ci, c'est vrai.
L'histoire se passe dans une petite ville américaine. Elle commence à New York, où un jeune écrivain à succès est très embêté parce qu'il a promis un roman à son éditeur et qu'il est en panne d'inspiration. Brusquement, il arrête tout pour voler au secours d'un écrivain beaucoup plus âgé que lui, qu'il admire, qui a été son maître, et dont on vient d'apprendre qu'il a été mis en prison pour avoir assassiné trente ans plus tôt une fille de 15 ans avec qui il avait une liaison. Cet écrivain s'appelle Harry Québert.
Après deux mois d'enquête, il a pratiquement établi l'innocence de son ami, et voilà que l'éditeur qui le menaçait d'un procès parce qu'il ne rendait pas à temps son nouveau roman lui propose de changer son fusil d'épaule et d'écrire en quelques semaines l'enquête menée sur ce crime qui a passionné toute l'Amérique. Le titre du livre est déjà choisi, c'est " La Vérité à propos de l'affaire Harry Québert ".
Une nouvelle aventure commence. Ce n'est plus l'histoire d'une enquête, c'est l'histoire d'un livre sur une enquête. Vous reconnaissez tout de suite cette construction en miroir, que l'on appelle parfois d'un nom un peu prétentieux " en abîme " et qui fit la gloire d'André Gide lorsqu'il publia en même temps son grand roman Les faux Monnayeurs et Le journal des Faux monnayeurs.
Mais ce résumé ne donne qu'une idée très superficielle du livre.
A mesure qu'on le lit, on s'aperçoit qu'il contient, sans jamais s'arrêter pour l'analyser, une réflexion profonde sur l'Amérique, sur les défauts de la société moderne, sur la justice, sur l'art, sur les médias. Le plus fort est que le lecteur, tout en étant " entraîné vers la fin " par le désir de savoir, comme dans tous les romans policier, ne se lasse jamais de tous les épisodes que le romancier lui fait vivre.
Des centaines de tableaux, des personnages avec lesquels on est immédiatement familier dans la petite ville, des situations où les caractères immédiatement présents avec la force du cinéma, vous intéressent en eux-mêmes, bien au-delà de la question de savoir si Harry Québert a eu vraiment cette liaison et si c'est lui vraiment qui a tué.
Et pourquoi le roman qui l'a rendu très célèbre avait-il pour titre " Les origines du mal " ?
Coupable ? Innocent ? L'ombre de Dostoïevski plane derrière cette histoire si typiquement américaine.
Ce grand livre que nous sommes heureux de vous présenter, n'a pas fini de hanter votre mémoire.
Une nuit de décembre, un meurtre a lieu au Palace de Verbier, dans les Alpes suisses. L'enquête de police n'aboutira jamais.
Des années plus tard, au début de l'été 2018, lorsqu'un écrivain se rend dans ce même hôtel pour y passer des vacances, il est loin d'imaginer qu'il va se retrouver plongé dans cette affaire.
Que s'est-il passé dans la chambre 622 du Palace de Verbier?
Avec la précision d'un maître horloger suisse, Joël Dicker nous emmène enfin au coeur de sa ville natale au fil de ce roman diabolique et époustouflant, sur fond de triangle amoureux, jeux de pouvoir, coups bas, trahisons et jalousies, dans une Suisse pas si tranquille que ça.
Jusqu'au jour du Drame, il y avait deux familles Goldman. Les Goldman-de-Baltimore et les Goldman-de-Montclair. Les Goldman-de-Montclair, dont est issu Marcus Goldman, l'auteur de La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert, sont une famille de la classe moyenne, habitant une petite maison à Montclair, dans le New Jersey. Les Goldman-de-Baltimore sont une famille prospère à qui tout sourit, vivant dans une luxueuse maison d'une banlieue riche de Baltimore, à qui Marcus vouait une admiration sans borne.
Huit ans après le Drame, c'est l'histoire de sa famille que Marcus Goldman décide cette fois de raconter, lorsqu'en février 2012, il quitte l'hiver new-yorkais pour la chaleur tropicale de Boca Raton, en Floride, où il vient s'atteler à son prochain roman. Au gré des souvenirs de sa jeunesse, Marcus revient sur la vie et le destin des Goldman-de-Baltimore et la fascination qu'il éprouva jadis pour cette famille de l'Amérique huppée, entre les vacances à Miami, la maison de vacances dans les Hamptons et les frasques dans les écoles privées.
Mais les années passent et le vernis des Baltimore s'effrite à mesure que le Drame se profile. Jusqu'au jour où tout bascule. Et cette question qui hante Marcus depuis : qu'est-il vraiment arrivé aux Goldman-de-Baltimore ?
30 juillet 1994. Orphea, petite station balnéaire tranquille des Hamptons dans l'État de New York, est bouleversée par un effroyable fait divers: le maire de la ville et sa famille sont assassinés chez eux, ainsi qu'une passante, témoin des meurtres.
L'enquête, confiée à la police d'État, est menée par un duo de jeunes policiers, Jesse Rosenberg et Derek Scott. Ambitieux et tenaces, ils parviendront à confondre le meurtrier, solides preuves à l'appui, ce qui leur vaudra les louanges de leur hiérarchie et même une décoration.
Mais vingt ans plus tard, au début de l'été 2014, une journaliste du nom de Stephanie Mailer affirme à Jesse qu'il s'est trompé de coupable à l'époque.
Avant de disparaitre à son tour dans des conditions mystérieuses.
Qu'est-il arrivé à Stephanie Mailer?
Qu'a-t-elle découvert?
Et surtout: que s'est-il vraiment passé le soir du 30 juillet 1994 à Orphea?
Londres, 1940.
Soucieux de pallier l'anéantissement de l'armée britannique à Dunkerque, Winston Churchill a une idée qui va changer le cours de la guerre : créer une branche noire des services secrets, le Special Operation Executive (SOE), chargée de mener des actions de sabotage et de renseignement à l'intérieur des lignes ennemies et dont les membres seraient issus des populations locales pour être insoupçonnables.
Du jamais vu jusqu'alors. Quelques mois plus tard, le jeune Paul-Émile quitte Paris pour Londres dans l'espoir de rejoindre la Résistance. Rapidement recruté par le SOE, il est intégré à un groupe de Français qui deviendront ses compagnons de coeur et d'armes. Entraînés et formés de façon intense aux quatre coins de l'Angleterre, ceux qui passeront la sélection se verront bientôt renvoyés en France occupée pour contribuer à la formation des réseaux de résistance.
Mais sur le continent, le contre-espionnage allemand est en état d'alerte... L'existence même du SOE a été longtemps tenue secrète. Soixante-cinq ans après les faits, Les Derniers jours de nos pères est un des premiers romans à en évoquer la création et à revenir sur les véritables relations entre la Résistance et l'Angleterre de Churchill.
On compte sur le doigt de la main les espions qui ont influé sur le cours de l'histoire.
Le héros de ce récit véridique, Oleg Gordievsky, est l'un d'entre eux.
Au début des années 1970, il entame une carrière prometteuse au sein du KGB mais, rapidement désillusionné sur la nature du régime, il est «retourné» par le MI6, le service secret britannique. En apparence, c'est toujours un officier de renseignement exemplaire, mais en réalité il est engagé, corps et âme, au service du Royaume-Uni. Nul ne le saitparmi ses maîtres russes, qui assurent son ascension régulière dans la hiérarchie toute-puissante des «hommes de l'ombre». Jusqu'au jour où quelques soupçons commencent à naître dans leur esprit... Hasard? Calcul? Trahison?
Rappelé à Moscou sous prétexte d'une nouvelle promotion, il en vient à penser que ses jours sont sans doute comptés.
Par un beau soir d'été 1985, vêtu de gris à la mode soviétique, il arpentera incognito la Perspective Koutouzovski. Et ce sera le début d'une nouvelle aventure qui compose certainement l'un des épisodes les plus spectaculaires de la Guerre froide...
Rien ne prédestinait Henri de Navarre à devenir Henri IV roi de France. Et pourtant...
Le mardi 22 mars 1594, à l'aube, Henri IV pénétra enfin dans Paris l'insoumise. Entrant au Louvre, il dit à son guide?: «Monsieur le Chancelier, dois-je croire que je sois là où je suis? - Sire, je crois que vous n'en doutez point. - Je ne sais, dit le roi, car tant plus j'y pense, et plus je m'en étonne. Car je trouve qu'il n'y a rien de l'homme en tout ceci: c'est une oeuvre de Dieu extraordinaire, voire des plus grandes.» Le trône de France était bien pourvu en héritiers et l'adhésion de Henri de Navarre à la Réforme le disqualifiait. Il lui fallut pour y parvenir trente ans et une hécatombe. Son itinéraire est jonché de morts, par la guerre ou la maladie. Il en émerge les mains pures, sans une égratignure. Une chance? Mais pour les chrétiens d'alors, tout ce qui advient est dû à la Providence, dont ils sont les agents obligés. Henri, d'une intelligence hors pair, se crut voué par elle à une mission?: rétablir la concorde dans un pays déchiré par les guerres de religion.
S'est-il contenté des cadeaux que lui valait l'élection divine ou a-t-il contribué au succès?? Un récit fidèle à l'histoire - mais aussi palpitant qu'un roman - retrace au fil du temps son parcours tumultueux. Toute une époque revit, dans sa singularité. Quant au héros, il sort de l'aventure rebelle aux normes, mais pleinement homme et chargé de secrets.
Dans ce livre, qui complète une série de biographies où voisinent Le Cardinal de Retz, Mazarin et Marie-Antoinette, Simone Bertière déploie à nouveau son talent de conteuse, rendant clair ce qui est compliqué, redonnant vie aux personnages, restituant le climat des temps anciens. Bref, faisant du lecteur un complice pour un plaisir partagé.
Quoi de neuf ? Pagnol.
Écrit et réalisé en pleine guerre, La Fille du Puisatier fut projetée en France à la fin de 1940. Soixante-dix ans plus tard, Daniel Auteuil, qui fut l'inoubliable Ugolin de jean de Florette, est passé derrière la caméra. Avec une pléiade de comédiens remarquables - Kad Merad, Sabine Azéma, Jean-Pierre Darroussin, Nicolas Duvauchelle, Astrid Bergès-Frisbey - il nous fait revivre l'histoire de Patricia, la fille d'un terrassier provençal séduite par un jeune aviateur en permission.
La vie du diplomate Henry Kissinger et particulièrement son travail pour l'administration Nixon de 1969 à 1977. Durant cette période, il déploie de nombreuses stratégies diplomatiques, construisant une politique étrangère novatrice influencée par ses rêves d'ordre mondial, en collaboration ambiguë avec R. Nixon à qui tout l'oppose.
Dans le théâtre politique, le rôle d'éminence grise est l'un des plus convoités: c'est le conseiller caché du prince. Ce rôle fut créé par un grand acteur, Richelieu, pour un autre grand acteur, le Père Joseph: «éminence», parce que Richelieu avait demandé pour son ami le chapeau de cardinal; «grise?, car c'était la couleur de la robe de capucin que portait ce dernier.
L'expression franchit les frontières. Elle est appliquée en Allemagne au baron Holstein qui, à Berlin, fait et défait les chanceliers sous Guillaume II. Au temps de Roosevelt, elle est reprise, aux États-Unis pour Harry Hopkins, également surnommé «le Raspoutine de la Maison Blanche». En France, au XXe?siècle, le Père Joseph renaît sous les traits de Jacques Foccart, au coeur du premier cercle gaullien puis de François de Grossouvre, dans l'entourage de François Mitterrand.
D'autres personnalités marquantes, qui s'étaient illustrées, parfois, loin de la politique, ont contribué à infléchir le cours de l'Histoire, de Beaumarchais, qui apporta le soutien de la cour de France aux insurgés américains, à Jean Monnet le Père de l'Europe moderne.
À travers seize portraits inoubliables, Charles Zorgbibe nous révèle - ou nous rappelle - l'action secrète de ces hommes de l'ombre qui ont, pour une part souvent déterminante, façonné le monde où nous vivons.
Les textes de la grèce antique ont pénétré d'abord le monde romain, puis toute la culture européenne ; et leur influence s'exerce encore en notre temps, de cent façons.
Pourquoi ? telle est la question que jacqueline de romilly se posait vaguement au cours de ses recherches sur telle ou telle oeuvre grecque et qu'elle aborde enfin de front. ces textes et cette culture de la grèce antique avaient-ils donc en commun quelque chose de particulier, pour justifier une influence pareille ? la réponse est que toutes ces oeuvres cherchaient, de façon constante, obstinée, délibérée, à atteindre l'universel, c'est-à-dire, précisément, ce qui pourrait toucher les hommes, en tous temps et en tous lieux.
Cela fut le cas pour la grèce en général, et plus encore pour l'athènes du ve siècle. cette tendance a pris des formes diverses ; simplification des personnages, symboles, mythes, formulations abstraites, tentatives pour fonder des sciences de l'homme, tout se rejoint. le livre le montre en une série de chapitres : homère et pindare, d'abord, puis athènes, avec sa démocratie et le développement de la réflexion politique, l'invention de l'histoire, de la tragédie, de la philosophie.
Chaque fois, la même tendance est serrée de près, et permet de comprendre l'originalité des oeuvres. dans ce livre, jacqueline de romilly ne défend pas, comme ailleurs, le grec, mais bel et bien la grèce, et le caractère unique de son apport à notre civilisation, qu'elle marque encore de façon vivante.
Reproduction conforme à l'édition originale avec les illustrations de Madeleine Lemaire et les partitions de Reynaldo Hahn.
«Il nous attire, il nous retient dans une atmosphère de serre chaude, parmi des orchidées savantes qui ne nourrissent pas en terre leur étrange et maladive beauté. Soudain, dans l'air lourd et délicieux, passe une flèche lumineuse, un éclair qui, comme le rayon du docteur allemand, traverse les corps. D'un trait le poète a pénétré la pensée secrète, le désir inavoué.
C'est sa manière et son art. Il y montre une sûreté qui surprend en un si jeune archer. Il n'est pas du tout innocent. Mais il est si sincère et si vrai qu'il en devient naïf et plaît ainsi. Il y a en lui du Bernardin de Saint-Pierre dépravé et du Pétrone ingénu».
(ANATOLE FRANCE, Préface, 21 avril 1896).
«?Les qualités de ce livre délicat, paru en 1896, me paraissent si éclatantes, que je m'étonne qu'on n'en ait pas été d'abord ébloui».
(ANDRÉ GIDE,«En relisant Les Plaisirs et les Jours», 1er janvier 1923).
Auteur d'une vingtaine de livres et de plusieurs centaines d'articles, parent de Bergson et de Proust, ami de Drieu La Rochelle et de Malraux, Emmanuel Berl a occupé une place importante dans la littérature de l'entre-deux-guerres.
Il est aujourd'hui très injustement oublié. Voici l'occasion de découvrir un des " grands méconnus " de ce siècle. Modèle d'esprit critique, sans conformisme, sans sectarisme, sans dogmatisme, il est un représentant très original de la pensée libérale. Il est aussi, par l'acuité de son jugement et la limpidité du style, un grand moraliste français. Essayiste, historien, pamphlétaire, journaliste politique, écrivain d'art, mémorialiste, Berl a touché à beaucoup de genres.
Il passe de Tamerlan à l'affaire Dreyfus, d'un cours de Bergson à une lecture de Simone Weil, de la sagesse de Goethe à l'amour chez Proust, de la Kabbale à la psychanalyse. Il lit, il regarde, il écoute, il réfléchit, il commente. A travers mille anecdotes, portraits, souvenirs ou citations, il s'interroge aussi sur l'oubli, le progrès, le langage, la culture, la réflexion, la mort. Il avait un goût extrême de l'amitié.
Dans les hommages qu'il a rendus à tel ou tel de ses amis - Daniel Halévy, Martin du Gard, Camus et bien d'autres -, c'est lui que nous voyons comme dans un miroir. Dans ces textes, classés par thèmes mais si divers, on trouvera le meilleur de Berl. Car il n'est jamais plus frappant que quand il réagit à une lecture ou à un événement, passant de la réaction à la réflexion et s'élevant avec facilité à l'essentiel.
Il faut lire les écrivains morts non pour les juger mais pour la nourriture qu'ils nous apportent. La lecture de Berl est l'une des plus enrichissantes qui soient. Elle nous permet de rencontrer l'un des esprits les plus complets, les plus intelligents, les plus justes de notre temps.
A travers la lecture des grands écrivains grecs, Jacqueline de Romilly tente de nous faire mieux comprendre cette théorie de la grandeur de l'homme qui apparaît, pour la première fois peut-être, au Ve siècle avant Jésus-Christ à Athènes.
Pour la première fois, les dieux n'ont plus des têtes d'oiseaux ou d'animaux, ne sont plus des faucons, des béliers, des chiens ou des vaches, ni des êtres impossibles aux attributs terrifiants, comme en Asie, ni des divinités aux mille bras, comme en Inde. Pour la première fois, ce sont tout simplement des humains. Mais cet essai ne conduit pas à un optimisme naïf. Les Grecs ne croient pas que tout va bien pour l'homme.
La tragédie et l'histoire nous montrent au contraire qu'ils sont parfaitement conscients des défaites, des malheurs, des souffrances auxquelles l'humanité est exposée.
Raymond Aron est inclassable.
Intellectuel anticonformiste, il est allé à contre-courant des idées dominantes de l'intelligentsia de gauche. Il a eu raison avant les autres sur la nature du régime soviétique, du stalinisme. Et dans les années 50, il a eu le courage de tenir sa position, tout en accomplissant une oeuvre scientifique indiscutée. À la fois journaliste, sociologue, historien, philosophe, Raymond Aron retrace dans ces entretiens avec Jean-Louis Missika et Dominique Wolton son itinéraire politique et intellectuel.
Dans ce dialogue vif, stimulant, il analyse les grands événements qu'il a vécus depuis un demi-siècle. La montée de Hitler au pouvoir, le Front populaire, Munich, la débâcle, Vichy et la Résistance, le génocide, la guerre froide, ses polémiques avec Jean-Paul Sartre et Maurice Merleau-Ponty, la construction européenne, la stratégie nucléaire, l'Algérie et la décolonisation, le gaullisme, Mai 68, l'Union de la gauche...
On découvre dans cette réédition du Spectateur engagé une conception de l'Histoire qui laisse sa part à la liberté des hommes, un plaidoyer pour la démocratie occidentale, mais aussi une personnalité complexe, lucide et passionnée.
Pas si calme relate l'épopée quotidienne de six jeunes Anglaises engagées volontaires dans le service ambulancier pendant la guerre de 14. Leur mission: recueillir les corps martyrisés des morts et des blessés, transporter les survivants souvent abominablement mutilés ou hurlant de douleur, jusqu'aux hôpitaux qui pour beaucoup seront leur dernière demeure. Ces «glorieuses filles d'Angleterre» vont découvrir la géographie de l'Enfer, ce que l'on appelle la «zone interdite», un désert labouré d'obus qui sépare les tranchées de l'arrière. Au terme de chaque voyage macabre dans le froid et dans la nuit, de nouvelles épreuves les attendent: les corvées de caserne les plus rebutantes, les nuits sans sommeil, l'insalubrité, l'invasion de la vermine, la plus innommable des pitances militaires.
Lorsqu'il parut en 1930 le livre fit scandale. La traduction française (1931) reçut néanmoins le prix Séverine décerné au meilleur roman conçu pour promouvoir la paix dans le monde.
Il fut ensuite oublié. Il reparaît aujourd'hui dans une version nouvelle.
Helen Zenna Smith est le pseudonyme d'Evadne Price (1897-1985), qui transposa sur le mode de la fiction le journal minutieusement tenu par l'une de ses amies.
Simone de Beauvoir écrit dans La Force de l'âge que la lecture de cet irrécusable témoignage l'avait bouleversée.
À la recherche du temps perdu est l'un des plus grands livres du XXe siècle. De Proust on a dit qu'il était toute la littérature, comme Bach était toute la musique. Pourtant, nombreux sont encore ceux qu'il intimide ou qu'il déconcerte. Cette introduction a été composée à leur intention par l'un des meilleurs connaisseurs de son oeuvre, Bernard de Fallois, qu'une savante publication universitaire, la revue Genesis, qualifie de «proustien capital». Mais que l'on se rassure. Peu soucieux d'en imposer par le poids de l'érudition, Bernard de Fallois vise surtout la limpidité, la concision, la clarté qui n'exclut pas, bien au contraire, la densité de son propos. Il parvient à mettre à la portée de tous l'essentiel de ce qu'il faut savoir pour lire intégralement cette oeuvre capitale, pour admirer sa nouveauté, mesurer sa grandeur qui va de pair avec un génie comique rarement égalé depuis Molière.
Cette introduction est également complétée par un précieux recueil de maximes et de pensées glanées au cours des pages de la Recherche. Elles rappellent que notre plus grand romancier fut aussi le plus parfait continuateur des moralistes du Grand Siècle.
Suivi de «Aux sources de la Recherche du temps perdu». Textes transcrits, annotés et présentés par Luc Fraisse, professeur à l'Université de Strasbourg.
Avec ce recueil de nouvelles et de textes divers inédits[1] nous remontons aux sources de la Recherche du temps perdu.
Dans les années où il ébauche le roman qui deviendra Jean Santeuil, Proust, âgé d'une vingtaine d'années, compose de courts textes de fiction, qui sont autant d'esquisses où l'on peut déjà entrevoir les personnages, les situations, les réflexions qui jalonneront la carrière mondaine, la vie affective et l'évolution spirituelle du Narrateur depuis son enfance dans Du côté de chez Swann jusqu'à l'illumination du Temps retrouvé.
Cet ensemble paraît en 1896 avec une préface d'Anatole France. Il a pour titre Les Plaisirs et les Jours. S'il est salué par quelques critiques amicales, son importance littéraire n'est guère perçue avant le début des années 1920, c'est-à-dire après la mort de l'auteur, dont on ne peut plus méconnaître le génie. Mais il retombe dans l'oubli jusqu'au début des années cinquante, lorsque Bernard de Fallois, avec Jean Santeuil (1952) et Contre Sainte-Beuve (1954) jusqu'alors inédits, met en pleine lumière la genèse de l'oeuvre proustienne.
C'est alors que Bernard de Fallois, «?le proustien capital?» selon l'heureuse expression de Mme Nathalie Mauriac, découvre, en rassemblant des manuscrits dispersés, un ensemble de neuf nouvelles initialement destinées à figurer dans Les Plaisirs et les Jours, et dont aucune n'avait jamais été publiée, pas même en revue.
Il en fit une analyse méthodique dans un chapitre de sa thèse de doctorat, chapitre qui a été tout récemment publié (Proust avant Proust).
Ces textes portent la marque d'un travail approfondi?: corrections, variantes, repentirs, changements de noms, par exemple.
La plupart de ces courts récits obéissent aux lois du genre?: mise en scène d'une situation, péripéties, chute finale. Dans quelques cas il s'agit d'une libre méditation esthétique et philosophique («?Après la 8e Symphonie de Beethoven?»). On y voit le jeune écrivain multiplier les expérimentations narratives suggérées parfois par ses lectures mais déjà résolument engagé dans le processus de création qui annonce par bien des signes l'oeuvre future.
Une question se pose d'emblée?: pourquoi Proust a-t-il écarté des Plaisirs ces textes qui étaient mentionnés dans le sommaire initial intitulé «?Le Château de Réveillon?» et en a-t-il laissé quelques-uns dans un état de relatif inachèvement?? Il faut évidemment peser la réponse avec la plus grande circonspection.
Sans doute considérait-il qu'en raison de leur audace ils auraient pu heurter un milieu social où prévalait une forte morale traditionnelle. Sans recourir à l'érudition biographique, cette interprétation n'est certainement pas arbitraire si l'on songe au rigorisme des «?gens de Combray?», tel qu'il est évoqué dans la première partie de Du côté de chez Swann, par exemple.
En effet le thème dominant de ces oeuvres, c'est l'analyse de «?l'amour physique si injustement décrié?» (Swann) en des termes qui annoncent et préfigurent Sodome et Gomorrhe, soit directement soit par voie de transposition.
C'est donc en partie, sous le voile d'une fiction transparente, un «?Journal intime?» de l'écrivain. La prise de conscience de l'homosexualité y est vécue sur le mode exclusivement tragique, comme une malédiction. On n'y trouvera aucune de ces notations comiques, introduites ici ou là tout au long de la Recherche, et qui confèrent à l'oeuvre toutes les couleurs de la vie, même au sein des drames les plus sombres. Mais Proust est déjà là avec sa parfaite maîtrise de l'expression. L'influence stylistique des contemporains, d'Anatole France à Henri de Régnier, de Paul Hervieu à Robert de Montesquiou, y est sensible. Tout comme celle des modes de l'époque mais la phrase porte déjà la marque du classicisme. Certes, on ne rencontre guère l'éblouissante pyrotechnie verbale où l'art de la métaphore filée, tour à tour ironique et poétique, souvent déconcertante dans son apparente fantaisie et toujours rigoureuse et suggestive, ne cesse de nous enchanter. Ces pages inédites n'ont pas la perfection de la Recherche mais précisément elles nous aident à la mieux comprendre en nous révélant ce que fut son début.
(Autre hypothèse?: Proust aurait écarté ces textes parce qu'ils déséquilibraient Les Plaisirs et les Jours. C'est possible mais rien ne vient étayer cette interprétation.) Le volume est complété par un ensemble de documents présentés par Luc Fraisse sur les sources de la Recherche?: notes de lectures, analyses d'ouvrages philosophiques, ébauches préparatoires de passages devenus célèbres (comme le début si souvent cité?: «?Longtemps je me suis couché de bonne heure?»), brèves notations sur les modèles masculins de Gilberte, première esquisse de la rencontre entre Charlus et Morel, ou bien encore ce «?divertissement?» en alexandrins intitulé «?À l'ombre des jeunes gens en fleurs?».
On se souvient que le jeune Narrateur, dans ses promenades solitaires mais souvent exaltées autour de Combray, dans la vaine recherche d'une grande idée philosophique autour de laquelle organiser ses impressions, désespérait de devenir jamais «?le premier écrivain de l'époque?». Il espérait néanmoins - plaisamment - y parvenir grâce aux relations de son père, à l'aide du gouvernement et de la Providence.
Nous voyons bien, en lisant attentivement Le Mystérieux Correspondant, qu'il avait déjà très tôt trouvé seul, résolument et sûrement, et sans l'aide d'aucune puissance extérieure, le chemin de son grand rêve.
Cet exceptionnel ensemble sortira au moment où l'on célébrera le centième anniversaire de l'attribution du Prix Goncourt à Proust pour À l'ombre des jeunes filles en fleurs (1919).