On compte sur le doigt de la main les espions qui ont influé sur le cours de l'histoire.
Le héros de ce récit véridique, Oleg Gordievsky, est l'un d'entre eux.
Au début des années 1970, il entame une carrière prometteuse au sein du KGB mais, rapidement désillusionné sur la nature du régime, il est «retourné» par le MI6, le service secret britannique. En apparence, c'est toujours un officier de renseignement exemplaire, mais en réalité il est engagé, corps et âme, au service du Royaume-Uni. Nul ne le saitparmi ses maîtres russes, qui assurent son ascension régulière dans la hiérarchie toute-puissante des «hommes de l'ombre». Jusqu'au jour où quelques soupçons commencent à naître dans leur esprit... Hasard? Calcul? Trahison?
Rappelé à Moscou sous prétexte d'une nouvelle promotion, il en vient à penser que ses jours sont sans doute comptés.
Par un beau soir d'été 1985, vêtu de gris à la mode soviétique, il arpentera incognito la Perspective Koutouzovski. Et ce sera le début d'une nouvelle aventure qui compose certainement l'un des épisodes les plus spectaculaires de la Guerre froide...
Avec son magistral Stalingrad, rapidement devenu un best-seller mondial, Antony Beevor avait réussi à donner toute son ampleur tragique à l'une des plus terribles batailles de l'histoire de l'humanité.
Le récit de la chute de Berlin, qui consacre, en 1945, l'effondrement du Troisième Reich et du rêve hitlérien de domination mondiale, était, comme il le souligne dans sa préface, la suite logique de cet ouvrage, en même temps que l'évocation d'un drame humain à peu près sans précédent. C'est, en effet, avec une terrible soif de vengeance, après les exactions commises par les Allemands en Russie, que l'Armée rouge atteint les frontières du Reich puis s'approche inexorablement de Berlin, devenu pour elle " l'antre de la bête fasciste ".
Et cette vengeance sera effroyable : villes et villages anéantis, civils écrasés par les chenilles des chars, viols et meurtres en série, pillage systématique. Des centaines de milliers de femmes et d'enfants vont périr, souvent de faim ou de froid, et plus de sept millions de personnes s'enfuiront vers l'ouest pour tenter d'échapper à la mort et à la terreur. Mais, en même temps qu'il est assailli par un ennemi à l'incroyable férocité - encore que quelques traits d'humanité viennent parfois éclairer une fresque digne de Goya -, le peuple allemand est souvent sacrifié par des gouvernants que l'orgueil et le fanatisme conduisent à l'aberration la plus meurtrière.
S'appuyant sur des archives souvent inédites, Antony Beevor nous livre non seulement un document historique capital, mais aussi un grand récit tragique et poignant, où l'on voit se déchaîner, portées à leur paroxysme, toutes les passions humaines, où l'orgueil rejoint la folie, la ruse côtoie la bêtise, l'héroïsme cohabite avec la peur, l'abnégation avec la cruauté.
Rien ne prédestinait Henri de Navarre à devenir Henri IV roi de France. Et pourtant...
Le mardi 22 mars 1594, à l'aube, Henri IV pénétra enfin dans Paris l'insoumise. Entrant au Louvre, il dit à son guide?: «Monsieur le Chancelier, dois-je croire que je sois là où je suis? - Sire, je crois que vous n'en doutez point. - Je ne sais, dit le roi, car tant plus j'y pense, et plus je m'en étonne. Car je trouve qu'il n'y a rien de l'homme en tout ceci: c'est une oeuvre de Dieu extraordinaire, voire des plus grandes.» Le trône de France était bien pourvu en héritiers et l'adhésion de Henri de Navarre à la Réforme le disqualifiait. Il lui fallut pour y parvenir trente ans et une hécatombe. Son itinéraire est jonché de morts, par la guerre ou la maladie. Il en émerge les mains pures, sans une égratignure. Une chance? Mais pour les chrétiens d'alors, tout ce qui advient est dû à la Providence, dont ils sont les agents obligés. Henri, d'une intelligence hors pair, se crut voué par elle à une mission?: rétablir la concorde dans un pays déchiré par les guerres de religion.
S'est-il contenté des cadeaux que lui valait l'élection divine ou a-t-il contribué au succès?? Un récit fidèle à l'histoire - mais aussi palpitant qu'un roman - retrace au fil du temps son parcours tumultueux. Toute une époque revit, dans sa singularité. Quant au héros, il sort de l'aventure rebelle aux normes, mais pleinement homme et chargé de secrets.
Dans ce livre, qui complète une série de biographies où voisinent Le Cardinal de Retz, Mazarin et Marie-Antoinette, Simone Bertière déploie à nouveau son talent de conteuse, rendant clair ce qui est compliqué, redonnant vie aux personnages, restituant le climat des temps anciens. Bref, faisant du lecteur un complice pour un plaisir partagé.
La vie du diplomate Henry Kissinger et particulièrement son travail pour l'administration Nixon de 1969 à 1977. Durant cette période, il déploie de nombreuses stratégies diplomatiques, construisant une politique étrangère novatrice influencée par ses rêves d'ordre mondial, en collaboration ambiguë avec R. Nixon à qui tout l'oppose.
Dans le théâtre politique, le rôle d'éminence grise est l'un des plus convoités: c'est le conseiller caché du prince. Ce rôle fut créé par un grand acteur, Richelieu, pour un autre grand acteur, le Père Joseph: «éminence», parce que Richelieu avait demandé pour son ami le chapeau de cardinal; «grise?, car c'était la couleur de la robe de capucin que portait ce dernier.
L'expression franchit les frontières. Elle est appliquée en Allemagne au baron Holstein qui, à Berlin, fait et défait les chanceliers sous Guillaume II. Au temps de Roosevelt, elle est reprise, aux États-Unis pour Harry Hopkins, également surnommé «le Raspoutine de la Maison Blanche». En France, au XXe?siècle, le Père Joseph renaît sous les traits de Jacques Foccart, au coeur du premier cercle gaullien puis de François de Grossouvre, dans l'entourage de François Mitterrand.
D'autres personnalités marquantes, qui s'étaient illustrées, parfois, loin de la politique, ont contribué à infléchir le cours de l'Histoire, de Beaumarchais, qui apporta le soutien de la cour de France aux insurgés américains, à Jean Monnet le Père de l'Europe moderne.
À travers seize portraits inoubliables, Charles Zorgbibe nous révèle - ou nous rappelle - l'action secrète de ces hommes de l'ombre qui ont, pour une part souvent déterminante, façonné le monde où nous vivons.
Ce livre écrit par l'auteur de L'Espion et le Traître raconte la vie extraordinaire d'un bandit de haut vol, Adam Worth (1844-1902).
Il naît en Allemagne en 1844. Sa famille émigre aux États-Unis quelques années plus tard. Les Worth sont misérables. Dans le quartier de la Petite Allemagne (Die kleine Deutschland) à New York où ils habiteront, le jeune Adam se trouvera au coeur de l'«École du crime», la meilleure du monde, pourrait-on dire. On y apprend méthodiquement l'art de percer les coffres-forts, de faire des faux billets, d'imiter les signatures. Bientôt l'usage de la nitroglycérine fera l'objet d'un enseignement particulier. Quand, après la guerre de Sécession, Adam Worth doit faire le choix d'une carrière, c'est pourvu d'un très solide bagage qu'il décide de vivre résolument en marge des lois.
Une devise: pas de violence : pour lui, seuls les imbéciles portent des armes quand ils aident la société, fondamentalement injuste, à «restituer» Son intelligence et son audace vont faire immédiatement merveille. Il se constitue un réseau de collaborateurs dévoués et - pour la plupart - discrets.
Dans le dernier quart du XIXe siècle le nombre des banques ne cesse croître aux États-Unis. La profession choisie par Adam Worth et qu'il exerce sous divers pseudonymes ne connaît pas le chômage. Et les fabricants de coffres-forts ont du mal à moderniser assez rapidement leurs prototypes pour mettre en échec les monte-en-l'air.
Un haut fait d'armes (il dévalise proprement la Boylston National Bank de Boston) lui vaut une «exposition médiatique» inopportune. Il change de nom et de continent. Londres, Paris, la Belgique et l'Afrique du Sud (le pays des diamants...) lui permettront d'élargir son champ d'action. Il est bientôt à la tête d'une multinationale qu'il dirige avec fermeté mais sans violence. Il soigne sa façade mondaine ; sa mise, son élocution, sa prodigalité donnent l'image d'un gentleman victorien.
Parmi les exploits il faut signaler «l'enlèvement» en 1876 de la duchesse de Devonshire («Georgiana», pour ses admirateurs): il s'agit d'un tableau célèbre du grand portraitiste Gainsborough.
Il vivra vingt-cinq ans avec elle et ne la restituera avec la complicité de Pinkerton que quelque temps avant sa mort.
Il «tombera» en 1892 («le Waterloo de Worth», dit Macintyre) par la faute d'un collaborateur apeuré lors d'une banale affaire de fourgon postal en Belgique. Condamné à sept ans de prison, il sera libéré au bout de cinq ans.
De retour à Londres avec ses enfants, il reprend ses activités et meurt paisiblement dans son lit le 3 janvier 1902.
Son fils profitera d'un accord entre son père et Alan Pinkerton pour commencer une carrière de détective à la Pinkerton.
Adam Worth est enterré dans le cimetière de Highgate dans une fosse commune sous le nom de Henry J. Raymond. Une petite pierre tombale fut posée pour désigner son lieu de repos en 1997 par la Jewish American Society pour la préservation de son histoire.
«Napoléon du crime», prince de la pègre, etc. l'Agence Pinkerton, qui le suit longtemps à la trace sans pouvoir le démasquer, lui rendra un vibrant hommage.
Aucun superlatif n'est épargné par ses biographes.
Lorsqu'il inventera le personnage de Moriarty, Conan Doyle empruntera plus d'un trait à cette vivante légende. L'Étrange cas du Dr Jekyll et Mr Hyde (1886) n'est pas très éloigné du sien. Et notre Arsène Lupin national, qui possède sa dextérité et cultive lui aussi ses dehors mondains pourrait lui avoir - indirectement - emprunté plus d'un trait, s'il est vrai que Maurice Leblanc doit beaucoup à Sir Arthur Conan Doyle.
Le Napoléon du crime contient aussi un tableau de l'époque. On y voit vivre une foule de personnages pittoresques. Elle contient la matière de vingt romans.
A travers la lecture des grands écrivains grecs, Jacqueline de Romilly tente de nous faire mieux comprendre cette théorie de la grandeur de l'homme qui apparaît, pour la première fois peut-être, au Ve siècle avant Jésus-Christ à Athènes.
Pour la première fois, les dieux n'ont plus des têtes d'oiseaux ou d'animaux, ne sont plus des faucons, des béliers, des chiens ou des vaches, ni des êtres impossibles aux attributs terrifiants, comme en Asie, ni des divinités aux mille bras, comme en Inde. Pour la première fois, ce sont tout simplement des humains. Mais cet essai ne conduit pas à un optimisme naïf. Les Grecs ne croient pas que tout va bien pour l'homme.
La tragédie et l'histoire nous montrent au contraire qu'ils sont parfaitement conscients des défaites, des malheurs, des souffrances auxquelles l'humanité est exposée.
La bataille de stalingrad représente sans doute le tournant principal de la deuxième guerre mondiale, en même temps que l'un des plus grands drames humains qu'ait jamais engendrés un conflit.
C'est à stalingrad, en effet, sur les bords de la volga, que se brisa à jamais, au coeur du terrible hiver 1942-1943, le rêve hitlérien de soumission de la russie et de conquête d'un empire oriental sans précédent pour le " reich millénaire ". c'est là aussi et surtout que se brisa l'armée allemande. la wehrmacht, naguère triomphante, perdit à stalingrad beaucoup plus que les 275 000 hommes pris au piège dans les ruines d'une cité devenue symbole.
Elle y perdit son âme et la conviction de son invincibilité. après stalingrad, elle ne sera plus jamais la même. stalingrad est bel et bien, pour la wehrmacht et pour le troisième reich, le commencement de la fin, au terme de l'affrontement le plus atroce, le plus acharné, le plus sauvage, qu'on ait connu depuis l'effrayant corps à corps de verdun. ces combats inhumains dans des ruines de fin d'apocalypse ont, bien sûr, été maintes fois racontés, mais par des historiens qui, quelle que fût leur valeur, n'avaient en main qu'une partie du dossier.
Nul, en effet, avant antony beevor, n'avait disposé des immenses archives soviétiques, jalousement tenues secrètes jusqu'à l'effondrement du régime, pour des raisons dont certaines apparaissent assez clairement au fil des pages. combinant ces informations et ces témoignages inédits avec les renseignements recueillis dans les archives de la wehrmacht et auprès des témoins allemands survivants, antony beevor est le premier à dresser, dans ce livre qui resta six mois en tête de la liste des best-sellers britanniques et connut un égal succès aux etats-unis, un tableau complet d'une bataille oú se décida le sort du monde.
Et, retraçant par le menu, avec compassion et lucidité, la vie et les souffrances quotidiennes des combattants des deux camps, il nous livre en même temps un irremplaçable témoignage sur la guerre, la mort, la peur, le courage et la douleur.
Le court essai qu'Haffner a consacré à la Commune de Paris occupe une place singulière dans son oeuvre. C'est le regard d'un grand intellectuel allemand sur la plus grande tragédie sociale du XIXe siècle en France.
Que trouve-t-on dans ce texte?
Non pas une nouvelle histoire de la Commune mais une réflexion approfondie sur sa signification et ses répercussions.
Les faits essentiels sont rappelés sans rien omettre de la barbarie versaillaise ni de la répression judiciaire qui en a prolongé les effets.
Mais Haffner évoque également les idées «communardes» qui allaient plus tard être reprises dans la législation sociale. Il s'attache à montrer l'attitude évolutive de Marx d'abord très sévère pour l'aventurisme du soulèvement populaire spontané avant de reprendre le flambeau de la Commune assassinée dans La Guerre civile en France, flambeau qui sera repris à son compte par Lénine.
Historiquement, conclut Haffner, la Commune est certes une page de l'Histoire de France mais l'opprobre qui s'attache encore au souvenir de son écrasement en fait un mythe universel. En une formule qui rappelle le début du Manifeste communiste il écrit: «Les spectres des fusillés continuent de se battre aujourd'hui encore. Ils hantent toutes les révolutions du XXe siècle.»
La vie mouvementée de Louis de Bourbon, prince de Condé (1621-1686), se déroule au coeur du XVIIe siècle, dans une période elle-même très agitée : durant la minorité de Louis XIV, Anne d'Autriche et son ministre Mazarin, qui ont choisi de continuer la guerre entreprise contre les Habsbourg de Madrid et de Vienne, doivent faire face également à une rébellion intérieure, la Fronde.
Proche du roi par cousinage, mais issu d'une lignée de rebelles, le jeune homme s'impose à vingt-deux ans sur le champ de bataille de Rocroi comme un capitaine de guerre exceptionnellement doué. Six ans durant, de 1643 à 1648, il accumule ensuite les victoires, qui deviendront des cas d'école pour les militaires à venir. Il y fait preuve en outre d'une extrême bravoure, chargeant à la tête de ses troupes en prenant des risques inouïs. Considéré comme l'égal d'Alexandre, il entre dans la légende de son vivant.
La médaille a un revers. Puisque aucun exploit ne lui est impossible, il se croit tout permis. Dans la vie civile, accompagné de sa troupe d'amis, les « petits-maîtres », il multiplie les provocations, tant sur le plan des moeurs que sur celui de la religion. Il commence d'indisposer les autorités. En 1648, lorsque les magistrats déclenchent la révolte contre la pression fiscale, la régente ne peut que s'appuyer sur lui. Il la soutient lors du siège de Paris. Mais en récompense de ses services, il croit pouvoir tout exiger.
Exaspérée elle le fait mettre en prison, avant d'être contrainte de le libérer au bout d'un an. À sa sortie il opte pour la guerre civile, mais ne parvient pas à se constituer une base solide en province et, vaincu, se réfugie aux Pays-Bas, chez les Espagnols. Il combat à leurs côtés de 1653 à 1658, sans pouvoir empêcher leur défaite finale.
Quand il rentre en France après la Paix des Pyrénées, il lui reste un bon quart de siècle à vivre, dans un pays qui a profondément changé. Il récupère, au prix de sa soumission, ses biens et son statut de prince du sang, mais Louis XIV le tient durablement à l'écart, avant de lui offrir sur le tard l'occasion de deux campagnes militaires. Mais c'est comme homme privé qu'il opère sur lui-même une extraordinaire mutation, devenant aussi patient, attentif aux autres et généreux qu'il avait été coléreux et arrogant naguère. Dans son domaine de Chantilly, il offre aux esprits indépendants à qui pèse le dirigisme culturel régnant un chaleureux espace de liberté.
Ce livre est une biographie historique : le récit, non romancé, de la vie d'un homme.
Il apporte un éclairage précieux sur les mentalités d'une époque très différente de la nôtre. Un exemple. La France était alors en pleine mutation, la monarchie s'efforçait d'imposer son autorité à de grands seigneurs nostalgiques de l'indépendance dont ils jouissaient au temps de la féodalité. Le sentiment national, déjà vif dans la bourgeoisie, était quasi inexistant chez eux avant la Fronde. Le passage de Condé à l'ennemi est perçu par eux, sur le moment, comme légitime défense contre un abus de pouvoir royal. Mais à son retour, quand la victoire définitive de la France a modifié les façons de penser, il apparaît rétrospectivement comme une trahison. En pareil cas, est-il possible de juger, quand les critères ne sont plus les mêmes ?
Du point de vue psychologique le personnage, complexe, énigmatique, est à la fois inquiétant et fascinant. Quel est le moteur de sa conduite ? Il n'a pas fait de confidences.
Mais d'après ses actions, on aperçoit chez lui une constante : la haute conscience de sa valeur, le niveau élevé de ses exigences, le refus des limites, le défi à l'autorité, aux contraintes, à la mort. Et pour couronner une carrière contrastée, la victoire sur soi et une conversion religieuse in extremis. Comment se concilient en lui un rationalisme très poussé avec un déni de réel radical dès que sa personne est en cause ? L'historien apporte des pièces au dossier, mais s'interdit de trancher.
Plus largement, son cas invite à une double réflexion sur l'héroïsme et sur la gloire qui en découle. La quête de l'exploit, de l'absolu, est-elle vivable pour l'intéressé, et sous quelles formes ? Quelle place la société peut-elle réserver au héros ? a-t-il tous les droits ? peut-il se permettre n'importe quoi ? La question est valable pour n'importe quel champ d'action : d'où son intérêt actuel.
Autour de Condé, bien sûr, on rencontre dans ce livre tous les grands acteurs de l'époque, Richelieu, Anne d'Autriche, Mazarin, le jeune Louis XIV, et aussi Gaston d'Orléans, qui lui dispute la scène politique, et Turenne, qui lui dispute la gloire. Simone Bertière les fait tous revivre d'une plume alerte, comme de coutume, dans un récit nourri d'anecdotes et teinté d'humour.
En 1945, dans le paisible village de Great Rollright, au sud-ouest de l'Angleterre, on pouvait croiser une élégante jeune femme à bicyclette qui allait faire ses courses. C'était «Mrs Burton». Elle habitait depuis peu une ferme sans grand confort, avec son mari et ses trois enfants. Des gens aimables, sans histoires: des réfugiés peut-être, car la femme avait un léger accent étranger.
«Mrs Burton» - alias Sonya - était en réalité une espionne de haut rang au service de Moscou. Elle avait animé ou créé plusieurs réseaux de renseignement en Extrême-Orient, en Europe centrale et, plus récemment, en Suisse. Pour son plus grand bonheur, elle avait vu le naufrage du Troisième Reich, mais déjà un nouveau conflit se profilait entre les alliés d'hier. Sonya devait donc poursuivre son combat au service du camp soviétique.
Grâce à elle, Staline aurait bientôt accès aux secrets atomiques anglo-américains: il pourrait, lui aussi, construire sa bombe.
Dans le monde du Renseignement, Sonya - de son vrai nom Ursula Kuczynski (1907-2000) - devint rapidement une légende.
Avec le livre de Ben Macintyre, elle entre dans l'Histoire.
Mécontent de la place qui lui était promise dans une société dont il ne contestait pourtant pas les fondements - la monarchie et l'eglise -, paul de gondi défia tous les obstacles rencontrés sur sa route : sa famille, richelieu, et surtout mazarin, à qui l'opposa un combat sans merci.
Il fut l'âme et le grand vaincu de la fronde. le chapeau de cardinal, conquis de haute lutte, ne suffit pas à lui épargner, après neuf ans de résistance, une mise à l'écart définitive. son dernier défi, contre lui-même, il l'a gagné : il a exorcisé l'échec dans d'irrévérencieux mémoires à l'humour décapant. il voulait être un grand homme : il fut un grand écrivain. centré sur la fronde, son récit, si brillant qu'il soit, reste très incomplet et partial.
Il n'interdit pas, au contraire, une enquête sur ses zones d'ombre : d'un côté les années de formation, de l'autre la longue traversée du désert, suivie d'une difficile réconciliation avec le monde et avec lui-même. celui qu'on a dépeint trop souvent comme un trublion sans scrupules laisse apparaître, si on le replace dans son époque et dans son milieu, parmi ses pairs, une personnalité plus complexe, plus nuancée, plus riche.
Passionnante comme un roman, la vie mouvementée de ce prélat anticonformiste ouvre sur l'histoire du xviie siècle des perspectives stimulantes. elle offre aussi des leçons de politique applicables à tous les temps. simone bertière a publié la thèse de son mari sur le cardinal de retz mémorialiste et une édition commentée des mémoires. elle a ensuite évoqué en une vaste fresque de six volumes la condition des reines de france des temps modernes.
Le dernier volume, marie-antoinette l'insoumise, a reçu le prix des maisons de la presse, le prix des ambassadeurs et le grand prix de biographie historique de l'académie française. le vainqueur de retz ayant été très décrié dans les mémoires, elle s'est attachée à lui rendre justice dans un mazarin, le maître du jeu, classé meilleure biographie de l'année par le magazine lire.
Un étrange imbroglio la situation la plus confuse, l'intrigue la plus complexe de la Deuxième guerre mondiale. En 1940, Franklin Roosevelt maintient les relations diplomatiques des États-Unis avec Vichy; il adresse conseils et mises en garde à Philippe Pétain, nomme comme ambassadeur auprès de lui l'un de ses proches, l'amiral Leahy, et se refuse à tout contact avec de Gaulle. En 1942, les généraux américains, au lendemain de leur débarquement en Afrique du Nord, établissent à Alger un régime vichyste sous protectorat des États-Unis, tandis que les résistants qui ont aidé les Alliés sont internés dans les confins sahariens.
Sur cet épisode surprenant de l'histoire contemporaine, L'Imbroglio propose une enquête, une reconstitution des événements, de Washington à Vichy et à Alger. Le récit marie les dialogues (authentiques) au ton vif des principaux acteurs à la précision des analyses géopolitiques. Il montre comment la presse anglo-américaine, alertée par ses correspondants à Alger, va susciter un retournement de l'opinion publique aux États-Unis et mettre en difficulté Roosevelt.
La Révolution d'octobre, «dix jours qui ébranlèrent le monde», fit naître une illusion, celle de l'apparition d'un homme et d'un monde nouveaux. En France cette illusion dura plus longtemps qu'ailleurs. D'irrécusables témoins s'étaient pourtant exprimés dès 1917. Boris Kritchevski (1866-1919) fut l'un d'entre eux.
Militant socialiste russe, dont les sympathies politiques n'altéraient pas la lucidité, il collaborait depuis quelques années à L'Humanité lorsque ses compétences le désignèrent naturellement pour «couvrir» les évènements de Petrograd. Toutes ses chroniques antérieures au coup de force «bolcheviste» (6 novembre 1917, dans le calendrier russe) furent publiées, mais par la suite, les fidèles de L'Humanité ne purent en lire qu'une seule. Sous l'influence des partisans de Lénine, les lettres suivantes furent écartées. Kritchevski en fut indigné.
Néanmoins ses textes furent tous rassemblés par les éditions Félix Alcan l'année suivante en un volume intitulé Vers la catastrophe russe. Lettres de Pétrograd au journal "L'Humanité": octobre 1917-février 1918. Après la mort de Kritchevski en 1919 une chape de silence recouvrit son oeuvre qui mettait à mal l'un des grands mythes fondateurs du XXe siècle. Comme on le verra, Kritchevski s'y exprimait sans ambages sur la brutalité des prétoriens bolchevistes. Il ne nourrissait aucune illusion sur la nature implacable du nouveau régime.
La présente réédition reproduit dans son intégralité le texte de 1919. En préface, quelques repères chronologiques et historiques en faciliteront la lecture.
Mal connus, les liens entre la plus célèbre de toutes les impératrices et la plus belle ville du monde sont une véritable page d'histoire que ce livre se propose de dévoiler.
À l'automne 1856, Sissi n'a pas vingt ans quand elle accompagne l'empereur François-Joseph dans un voyage à hauts risques à Venise. Un vent de révolte souffle sur la lagune. Après l'occupation française, les Vénitiens n'en peuvent plus de supporter la pesante tutelle des Habsbourg. L'accueil de la noblesse, comme celui du petit peuple, est glacial. Mais grâce à son charme naturel et à son intelligence politique, Sissi saura persuader son mari de prendre les mesures d'amnistie pour ramener le calme. Ce qui lui vaudra d'être surnommée «l'ange bienfaiteur».
Il n'en ira pas de même à Milan mais, envoûtée par la vieille cité lacustre et au prétexte de se soigner, elle y retourne cinq ans plus tard avec ses enfants pour un long séjour où elle peut enfin mener une vie de famille tranquille, loin de ses obligations officielles et de l'archiduchesse Sophie, son envahissante belle-mère. C'est là qu'elle commence sa fabuleuse collection de photographies sur les beautés féminines.
En perpétuel déplacement dans toute l'Europe et jusqu'en Égypte, toujours à la recherche d'un mieux-être sans cesse troublé par des drames familiaux, Sissi fait une dernière escale dans la Cité des Doges au soir de sa vie pour assister à l'inauguration de la première Exposition internationale d'art, baptisée Biennale deux ans plus tard. Un voyage qu'elle voulait incognito mais qui, contre toute attente, lui fera rencontrer pour la première fois les nouveaux maîtres de la Sérénissime, le roi et la reine d'Italie.
Sissi et Venise, ou le romantisme dans tous ses états...
Considéré aux États-Unis - et dans le monde entier - comme le meilleur spécialiste de la Révolution russe, Richard Pipes a donné en janvier 1995 plusieurs conférences à l'Institut des Sciences humaines de Vienne.
À cette occasion, il s'est demandé - ce qui lui paraissait être les trois problèmes principaux que posait la Révolution russe - quelles étaient les raisons de la chute du tsarisme, du triomphe des bolcheviks et de l'ascension de Staline. Ses réponses diffèrent beaucoup de celles qu'a fournies l'école d'historiographie dénommée " révisionniste ", apparue à l'Ouest dans les années 60 et qui domine aujourd'hui encore le monde universitaire. Alors que les révisionnistes, comme un temps les historiens soviétiques, insistent sur les forces sociales, Pipes met l'accent sur le politique. De cette disparité de méthode résultent de grandes différences d'interprétation : aux yeux des révisionnistes, les événements sont conduits par d'irrésistibles forces anonymes ; à ses yeux, le facteur décisif est la volonté humaine. Au cours de son travail, il a pu avoir accès aux archives soviétiques. Ce livre tient compte des plus récentes informations sur le sujet, y compris de l'ouvrage de Lénine déposé secrètement à Moscou aux Archives centrales du Parti.
A la fin de la Grande Guerre, Foch décide d'honorer la mémoire des généraux morts entre 1914 et 1918. Il y en a environ 90, mais dans sa liste il ne retient que ceux tués dans les tranchées. Ce livre raconte la carrière militaire de ces 42 généraux dont une plaque commémorative rappelle les noms dans une chapelle de l'église Saint-Louis des Invalides. Chaque famille garde le souvenir d'un grand-père, d'un grand-oncle tombé au champ d'honneur.
Rares sont ceux qui, revenant au pays de leurs ancêtres, ne lisent pas leur patronyme au fronton du monument aux morts. Ces longues listes ont longtemps conforté la conviction populaire, selon laquelle seuls les soldats étaient dans les tranchées, alors que les généraux suivaient le déroulement de la bataille depuis des abris bétonnés, loin de la mitraille. Ce n'était pas le cas. Nombreux étaient ceux qui se portaient dans les endroits les plus exposés, afin d'évaluer les meilleures chances de réussite des ordres qu'ils venaient de donner.
Les 2e classe ou les généraux, tous ont fait leur devoir.
Hector, le défenseur de Troie dans l'Iliade, semble un personnage bien fait pour intéresser et émouvoir un public de notre temps.
C'est un héros plus humain qu'aucun autre. Homère aurait très bien pu montrer ce prince troyen sous un jour un peu hostile, comme un ennemi. Or, c'est le contraire qui se produit.
En effet, Homère nous présente Hector, Hector seul, entouré des siens, de son père et de sa mère, de sa femme et de son enfant - et tout le monde connaît les adieux admirables d'Hector et d'Andromaque : ceci forme autour de la personne d'Hector un réseau de sympathie, d'inquiétude et de profonde pitié.
Cette pitié trouve bientôt de quoi se justifier, car Hector va être tué dans le poème, il sera même maltraité après sa mort, Achille refusant de le laisser ensevelir.
Ces chants d'Homère, qui sont les plus beaux et qui se terminent par un apaisement, expriment ainsi d'un bout à l'autre la douleur de la mort à la guerre et le devoir de respecter les corps des victimes. Deux thèmes qui ont de quoi toucher les hommes de notre époque tourmentée.
Mais il se trouve aussi que ces textes sur la guerre de Troie n'ont pas cessé de vivre, d'être lus, d'être imités, d'être modifiés. Aussi je ne me suis pas contentée de cette relecture. A chaque fois j'ai voulu apporter des rapprochements : rapprochements avec d'autres textes grecs ; rapprochements avec des textes du Moyen Age, de l'époque classique, de l'époque moderne ; rapprochements même avec des scènes qu'il m'était arrivé de vivre ou de voir vivre.
De cette façon, en plus de l'émotion suscitée par le poème lui-même, le livre avait une chance de jeter quelques lumières sur un aspect particulier de l'histoire de la culture.
J. de Romilly.
" Sur l'immense passé de la Méditerranée, le plus beau des témoignages est celui de la mer elle-même.
Il faut le dire, le redire. Il faut la voir, la revoir. Bien sûr, elle n'explique pas tout, à elle seule, d'un passé compliqué, construit par les hommes avec plus ou moins de logique, de caprice ou d'aberrance. Mais elle resitue patiemment les expériences du passé, leur redonne les prémices de la vie, les place sous un ciel, dans un paysage que nous pouvons voir de nos propres yeux, analogues à ceux de jadis.
Un moment d'attention ou d'illusion : tout semble revivre. " On l'a compris. Ce livre est le fruit d'un vieil amoureux de la mer Intérieure qui en dévoile pour nous les balbutiements enrichis d'un savoir encyclopédique. L'historien des grands espaces et des longues durées apporte son métier et sa vision à la préhistoire et aux antiques civilisation qui, jusqu'à l'accomplissement de la conquête romaine, ont bordé et fait la Méditerranée.
D'où une vision très libre et stimulante de ces civilisations dans leur milieu géographique, les mouvements de leurs populations, les conflits qui opposent nomades et sédentaires, l'interminable évolution technique de la domestication du feu à l'écriture, et la mise en situation de chaque grande réalisation culturelle des premiers moments de vie en Mésopotamie à l'épanouissement de la civilisation romaine...
Des pages qui, à travers les peintures de mégalithes, de pyramides, de temples grecs ou de basiliques se découpant dans une lumière d'azur, nous renvoient l'image d'un passé éternellement présent.
Le dimanche 2 août 1914, l'affiche de la mobilisation générale est placardée sur toutes les portes des mairies de France. C'est le début d'une tragédie internationale, mais aussi un drame qui concerne toutes les familles du pays, car aucune n'a été épargnée. Il s'agit ici de découvrir quel a été le destin de ceux qui n'ont jamais pu raconter leur histoire. Des hommes simples, dans le sens noble de ce mot, d'hommes dans lesquels on pourrait se reconnaître. Ils ne sont plus aujourd'hui qu'un nom parmi d'autres, dans la liste gravée sur nos monuments aux morts.
L'ambition de ce livre est de démontrer que n'importe lequel de ces monuments peut à lui seul nous expliquer cette période, dont on va prochainement commémorer le centenaire.
L'histoire de France est au seuil de nos maisons, sur la place de nos marchés, à l'angle de nos champs de foire ou devant nos églises. Il s'agit ici d'Auriat, un petit village limousin, dont trente-sept de ses enfants ont payé de leur sang, la folie meurtrière de cette époque. Trente-sept soldats, qui deviennent le prétexte pour décrire quel a été le sort de millions d'autres.
Ils sont les anonymes de la grande histoire. Des hommes jeunes, pour la plupart célibataires, mais également de jeunes mariés, pères depuis peu et qui n'avaient d'autre souhait que de vivre paisiblement, se sont retrouvés après quelques jours de marche, dans la chaleur accablante et la poussière de ce mois d'août 1914, sous les obus et face à la mitraille. Rien ne les prédestinait à ce qu'ils allaient vivre.
Pourtant, tous ont fait leur devoir. L'un d'eux a croisé le lieutenant Charles de Gaulle sur le pont de Dinant, un autre était au côté de l'adjudant Chèvre à Gerbéviller, un autre à Salonique, un autre témoin de la première attaque des chars dans la Somme, un autre à Vittorio Veneto.
Ils étaient partout, sur tous les fronts. Le premier, vêtu de son pantalon garance, est mort dans les premiers jours de la Bataille des frontières. Le dernier est décédé en mars 1919, les poumons rongés par les gaz qu'il avait respirés. Ils se sont battus comme jamais on ne l'avait fait, comme on ne le fera jamais plus. Ils sont morts dans l'anonymat d'un paysage dévasté, en se lançant à l'assaut ou en subissant le tir de l'artillerie au fond d'une tranchée, sous la canicule ou dans la neige, dans une infirmerie qui gérait l'urgence et pour certains, dans un lit d'hôpital, emportés par des fièvres sournoises.
C'était il y a cent ans.
C'est en se promenant dans le village d'Auriat avec son père que l'idée de retracer le destin de ces 37 soldats est venue à Laurent Guillemot. Il a fouillé les archives, lu les Journaux de marche des régiments et de nombreux documents sur cette époque. Une grande partie de sa famille est originaire de la Creuse, où il séjourne très souvent. Né à Paris en 1950, Laurent Guillemot travaille dans l'édition.
Un document sur les conflits de la Seconde Guerre mondiale au Japon : Pearl Habor, Hiroshima et Nagasaki, la vie des japonais à cette époque, les combats, etc.