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Atrabile
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Procrastination, quand tu nous tiens !
La journée est passée bien trop vite, entre réseaux sociaux, télé, lecture et ressassement, et, à 23 h, alors qu'elle balade son chien Kuma, Jolanda doit se rendre à l'évidence: ce coup-ci c'est foutu, l'examen de maths prévu demain matin va être un massacre. A moins qu'elle ne trouve une bonne excuse pour sécher... comme perdre son chien ? Une nouvelle chance de passer son examen et de réussir son année va alors s'offrir à Jolanda, mais saura-t-elle seulement la saisir... et surtout, bordel, où est passé ce clebs ?
Sur une trame fine comme du papier à cigarette, Michael Furler dresse un portrait d'adolescente parmi les plus justes, authentiques, drôles, que l'on a pu lire depuis bien longtemps. Quant à la forme, elle est tout simplement dingue, survoltée, foisonnante, inventive, et participe avec brio à dire toute la confusion et toutes les émotions qui peuvent traverser l'esprit en ébullition d'un adolescent d'aujourd'hui.
Michael Furler est un dessinateur et illustrateur suisse ; il travaille régulièrement pour la presse en Suisse et à l'international (Neue Zürcher Zeitung, New York Times, etc.).
Aux Abois, émeraude rare et précieuse, est sa première bande dessinée. -
Ted trimballe sa grande carcasse dégingandée à travers la ville dans un train-train aussi régulier qu'énergique ; métro-boulot-dodo certes, mais avec une énergie et une rigueur peu communes. Puis un jour, la mécanique se grippe et tout s'emballe, ce jour où le métro est en travaux et où les choses ne sont pas, plus, comme d'habitude. Et là, tout dérape... Émilie Gleason s'est fortement inspirée du vécu de son frère, diagnostiqué Asperger, pour raconter les bien étranges journées de Ted - rencontre, discussion, amour, sexe, empathie, tant de choses qui, pour Ted, ne vont pas vraiment de soi... Mais alors que la « bande dessinée du réel » a produit tant d'oeuvres lénifiantes n'existant que par leur sujet, Émilie Gleason, elle, transcende son sujet pour nous livrer un moment de lecture survolté, mené à cent à l'heure, plein d'inattendus et de surprises. Bien plus qu'un « reportage » ou un « témoignage », Ted est une véritable immersion dans un esprit pas vraiment commun et offre à l'arrivée une expérience de lecture rare, un tourbillon de couleurs et d'énergie, à l'image de son personnage principal.
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Chef d'oeuvre : voilà un mot bien galvaudé, mais amplement mérité par ce magnifique joyau noir qu'est L'Homme sans talent. Initialement publié en 1985 au Japon, traduit en français par Ego comme x en 2004, cette oeuvre emblématique du watakushi manga (" bande dessinée du moi ") n'était plus disponible depuis de nombreuses années. Les éditions Atrabile sont incroyablement fières et heureuses de pouvoir donner une nouvelle vie à ce livre qui mérite d'être lu et relu.
Le personnage central en est un auteur de manga, intègre et jusqu'au-boutiste, qui refuse les compromis et les travaux de commande ; face aux vicissitudes de l'existence, il semble décidé à faire de sa vie une étrange ode à l'échec, en vendant des cailloux piochés dans la rivière, dont personne ne semble vouloir. Lentement mais sûrement, il se met lui-même au ban d'une société qui ne l'intéresse plus, comme un laissé pour compte volontaire.
Ne répondant que mollement aux injonctions répétées de sa femme, qui le conjure de trouver une solution à leur situation et donner enfin une vie digne à sa petite famille, cet " homme sans talent " persévère et s'enfonce inexorablement dans la pauvreté et la misère sociale... Au fil des pages, Yoshiharu Tsuge transforme ce ratage annoncé en un poème lancinant et désespéré, tout en y apportant une touche d'humour et d'ironie salvatrice.
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Après s'être tenu (un peu trop) loin de la bande dessinée pendant des années, Helge Reumann aligne désormais les livres chez Atrabile avec une régularité remarquable : Black Medicine Book en 2017, SUV en 2019, Totale Résistance en 2021, et voilà que débarque comme un boulet de canon fourré à l'acide son nouveau livre, Kilmotor.
Dans ses livres comme dans d'autres médiums (peintures, installations), H. Reumann a bâti avec une belle constance une oeuvre d'une grande cohérence, noire, violente, mais pas exempte d'humour, présentant un monde peuplé de créatures dégoulinantes, de bandes rivales adeptes de la baston, de gnomes mystérieux et autres visions de cauchemars, mais toujours exécuté avec la plus grande rigueur.
Kilmotor, son nouveau livre, est un peu la somme de son travail et de son univers, un ouvrage de bande dessinée également parsemé de peinture et d'illustrations, un livre traversé d'hallucinations folles et marquantes, et qui cite aussi bien Carl Barks que Max Weber ! -
Sous le regard amusé d'une femme voilée, un homme se déshabille et plonge dans la rivière. Furieux de ce regard interdit, l'homme la poursuit jusque dans son foyer. Lui, vendeur itinérant, rêvant de voir un monde qu'il ne connaît pas, voyage à travers le pays dans un camion rempli de cartons, s'arrêtant au gré des rencontres. Elle, mystérieuse, cache un passé empli de douleurs, un passé fait de musique, de contes mais aussi de violence - et c'est là, quelque part, que réside la raison de sa main droite amputée de ses cinq doigts.
Le temps d'un voyage, ces deux vies-là vont se rapprocher, et croiser bien d'autres vies, bien d'autres histoires, et bien d'autres destins. Alors, à la manière des Milles et une nuit, plusieurs récits et contes vont se suivre et parfois se répondre, dans une variation moderne et éminemment politique; des histoires qui jaillissent de mélodies passées, pendant que des bombes explosent, au rythme des accords de vies dissonants.
Sans lourdeur ni moralisme, Nicolas Presl aborde et questionne à travers ces pages des thèmes comme la place de la femme dans une société patriarcale, l'influence de la religion, mais aussi la complexité du sentiment amoureux.
Désormais converti à la couleur, mais toujours sans texte, Nicolas Presl livre avec Levants son oeuvre la plus complexe à ce jour, mais sans doute aussi la plus fine, de par le nombre de récits qui s'y entremêlent, mais aussi de par son regard, toujours à hauteur d'homme, qui semble vouloir comprendre et dire, bien plus qu'expliquer ou juger.
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Décris-ravage Tome 3 ; décrire la modernité de la terre sainte
Adeline Rosenstein, Alex Baladi
- Atrabile
- Bile Blanche
- 19 Octobre 2018
- 9782889230723
Et de trois ! Voilà le troisième volume de cette série au long cours (six volumes de prévu) qui explore, de façon inédite, les relations Occident-Moyen Orient. A la base, Décris-Ravage, c'est une pièce de théâtre de la mouvance " théâtre documentaire " écrite et mise en scène par Adeline Rosenstein ; c'est devenu, avec la complicité de Baladi, une bande dessinée à nulle autre pareille. Dans la forme, la gageure reste de mettre en dessins une pièce de théâtre sans image ; dans le fond, il s'agit de comprendre " comment on en est arrivé là ", en se basant sur divers témoignages, mais aussi des oeuvres littéraires et un vrai travail de recherche historique.
Dans ce troisième volume, sous-titré "Décrire la Terre sainte dans sa modernité", on abordera donc, entre autres choses, la guerre de Crimée, la cartographie des territoires, les premières photographies de la Palestine, la construction du fameux " mur ", et celle d'un Kibboutz à travers les témoignages de ses fondateurs... Riche, complexe et stimulant, Décris-Ravage aborde la question de Palestine sans manichéisme ni ornières ; bien plus qu'une simple oeuvre militante, Décris-Ravage est avant tout un objet artistique passionnant et nécessaire.
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L'Art, qu'est-ce que c'est ? A quoi sert-il ? Quelles sont ses limites, comment le définir ? Faut-il tenter de le classer, de le compartimenter ? De comprendre le processus créatif, le parcours d'un artiste ? Dans L'Art ?, Eleanor Davis répond à toutes ces questions... ou presque. Faux livre pédagogique mais vraie réflexion sur l'art et la puissance de la création, L'Art ? est un petit bijou d'humour et d'intelligence.
Visuellement et formellement inventif, doté d'un humour pince-sans-rire imparable, L'Art ? embarque le lecteur dans une série de questionnements sur la création qui devient création elle-même, dans un tour de passe-passe plein de surprise et de malice. Eleanor Davis est une jeune illustratrice américaine qui partage son temps entre l'illustration et la bande dessinée ; la beauté de son trait allié à son amour de l'expérimentation en ont fait une des dessinatrices les plus accomplies de sa génération.
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Avec ses 14 millions d'habitants, Chengdu, capitale de la province du Sichuan, est une ville en plein essor, une mégalopole qui s'est développée d'une manière un peu folle, dans tous les sens et toutes les directions. Portée par une forte croissance économique et une certaine propension à la mégalomanie, la ville arbore les tares de ces endroits qui ont grandi trop vite et sans limites : trafic étouffant, pollution, laissés pour compte... Sascha Hommer y a passé plusieurs mois en 2011 et c'est ce temps passé là-bas qui forme la matière première de ... En Chine. Sans jugement, mais avec une certaine candeur et un flegme salvateur, Sascha décrit son quotidien loin de son Allemagne natale, où la quête d'un appartement devient une odyssée absurde et pleine de surprises, et où chaque rencontre, chaque discussion peut potentiellement se transformer en un grand moment d'incompréhension (mutuelle) aux dialogues parfois surréalistes. Pour autant, ...En Chine est moins une critique de la Chine moderne que d'un capitalisme sauvage et ravageur ; porté par un humour pince-sansrire, ...En Chine se lit alors comme un voyage au coeur d'une folie ordinaire et belle et bien universelle.
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Inventeur du ready-made, figure influente et incontournable de l'art contemporain, Marcel Duchamp a fait couler beaucoup d'encre, nourri bien des controverses, et continue aujourd'hui de hanter le monde de l'art. Il hante également l'esprit de Benoît Preteseille, jusqu'à venir le mettre en garde dans ses rêves, le sommant «de ne pas raconter n'importe quoi sur moi après ma mort». On le sent dès les premières pages de cette magnifique biographie: Benoît Preteseille aime Marcel Duchamp. Pas d'un amour transi, béat, sans nuances, non, mais plutôt d'un amour qui rend lucide, qui ouvre les yeux et l'esprit, un amour qui n'assujettit pas mais, tout au contraire, qui rend libre. Il aborde alors l'homme et son travail avec un respect mêlé d'une belle décontraction, sans complexe, et sans déférence, et beaucoup de liberté. Mais «liberté» ici ne signifie pas «n'importe quoi», et c'est avec la plus grande rigueur que Preteseille évoque les diverses périodes de la vie de Duchamp et qu'il expose les différentes évolutions de son travail artistique. Il arrive ainsi à rendre la pensée et la vie de Duchamp passionnantes, procurant de bout en bout une lecture stimulante, éclairante et jouissive.
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Rencontrée lors des jurys de la HEAD (Haute Ecole d'Art et de Design, Genève), Louise Ducatillon est une jeune artiste qui s'amuse, dans son travail, à brouiller les pistes ; elle offre avec ce premier livre une oeuvre inclassable, entre bande dessinée, illustration et art contemporain - mais derrière ce « refus de choisir » se cache de vrais choix artistiques où transparaissent déjà une certaine maturité et une vision affirmée. L'ouvrage décrit la vie et l'organisation d'une communauté sectaire, repliée sur elle-même et vivant en autarcie ; ce monde clôt est dirigé par le Père, figure charismatique et autoritaire, qui remodèle à son image un monde dont il édicte chaque règle, transformant sa vérité en LA vérité. Cette co-édition avec la HEAD est le premier volume d'une collection visant à mettre en lumière le travail de talents en devenir et dont c'est la première expérience éditoriale (ce qui nous permet au passage de renouer avec notre rôle tel que défini à notre création il y a 20 ans, celui de « tremplin »). Pour paraphraser un célèbre syllogisme, « tout ce qui est rare est précieux » et c'est pourquoi cet ouvrage est proposé dans un tirage limité (600 exemplaires dont seuls 300 seront mis dans le circuit des librairies).