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Ion
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Sous un titre qui sent la mauvaise propagande télévisuelle, voici une série de dessins de Gilles Rochier à propos des manifestations en France. Son regard précieux d'observateur fin et sensible a déjà été salué pour ses bandes dessinées, notamment Temps mort, Ta mère la pute, La petite couronne, Faut faire le million (6 pieds sous terre) ou Solo (Casterman). Deux livres ION sont également disponibles, Bastion et Message de service. Les dessins bouillonnants de La France a peur ne parlent pas d'une manifestation en particulier, mais du mécanisme d'affrontement qui s'est mis en place entre forces de l'ordre et manifestant·es. Gilles Rochier ne fait pas de discours prêt à l'emploi, on parcourt le livre avec effroi devant les regards égarés qui affleurent de tous côtés, on en ressort avec bien plus de questions que de grandes vérités. Rochier est un témoin effaré de l'ambiance sociale de ces dernières années et espère ne pas annoncer les prochaines..
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Un homme se promène dans un supermarché pour aller s'acheter un caméscope. Les lieux et les gens qui l'entourent se déforment et se plient à ses obsessions. Les passants sont des êtres plus mystérieux et inquiétants les uns que les autres. C'est un carnaval étrange de bizarreries où l'on croise des animaux et des femmes fascinantes.
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Le manuel des caniches ; et autres chiens de compagnie
Domizia Tosatto
- Ion
- 10 Octobre 2019
- 9782919347322
Cette série montre les animaux comme des individus à part entière, et pointe cette étrange manie qu'ont les humains de les raser, de les manucurer, de les façonner à une image finalement absurde.
Son travail n'est pas sans évoquer celui d'Etienne Pottier, dont les séries d'estampes que nous avons publiées dans Les Murs Tremblent ou Ils vivent avaient cette même tension entre dérisoire et gravité.
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Sophie Guerrive a publié chez 2024 les bandes dessinées Capitaine Mulet et Tulipe. Elle montre ici de nouveau son autre facette, un dessin fourmillant sans narration suivie mais où les milliards de détails sont autant de pistes d'histoires. Un grand dessin qu'elle a réalisé sur un rouleau de papier, où on voit l'histoire du monde depuis ses origines au travers de bagarres, bastons, batailles, pugilats divers et variés. On reconnaît des épisodes réels ou fantasmés : la création des hommes par des habitants d'une Atlandide extra-terrestre, la guerre de Troie, l'Inquisition, 14-18, etc. On peut y passer des heures de recherche et de plaisir des yeux.
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Depuis son livre Monsieur Q à Djakarstadt, paru aux éditions du Seuil en 2004, Martes Bathori construit un univers dystopique, où les problèmes de notre société humaine sont poussés jusqu'à l'absurde. Son récit principal a été publié en épisodes chez Les Requins Marteaux (dernier livre en date : Hamgrad 2035 : Karaganda, 2017). Un nouveau livre, LOLA REINE DES PORCS, sortira chez The Hoochie Coochie à l'automne 2020, UTOPIA FOREVER en est une sorte de teaser.
Un texte introductif rappelle les évènements passés, et les dessins de Martes Bathori évoquent l'ambiance de ce nouveau monde porcin. Des affiches des organismes de pouvoir ou de films qui mettent en scène des célébrités humaines, une scène d'avant-première au cinéma, une autre dans laquelle deux humains partent en quête de viande.
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Jacques Callot, artiste français du 17ème siècle, originaire de Nancy, est célèbre pour sa série de gravures évoquant les Grandes Misères de la guerre de Trente Ans qui avait alors lieu en France. Le poète Laurent Grisel a écrit face à ces images souvent brutales des textes poétiques qui vont fouiller les moindres recoins microscopiques des gravures.
L.L. de Mars s'est ensuite plongé dans l'intervalle entre ces nouveaux textes et les images de Callot, pour proposer ses propres visions hallucinées de la guerre éternelle, traversées par des éclairs d'aujourd'hui et des motifs d'hier. La guerre est totale, le lecteur est plongé jusqu'au cou dans un tourbillon graphique renforcé par le son des mots. Le livre qui résulte de cette triple rencontre est frappant, d'une force sombre et noire.
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Gilles Rochier est l'auteur de nombreuses bandes dessinées aux éditions 6 pieds sous terre, dont Temps mort, TMLP (prix révélation FIBD Angoulême 2012), La cicatrice, Petite couronne. Il a scénarisé Tu sais ce qu'on raconte, dessiné par Daniel Casanave aux éditions Warum, sélection officielle FIBD Angoulême 2018. Son travail a été célébré dans plusieurs festivals et expositions. Gilles Rochier avait déjà publié Bastion en 2016 chez ION (toujours disponible).
Il y montrait déjà des images de quartiers populaires, de grands ensembles, envahis par les tags. Ces inscriptions pouvaient souligner un rapport d'affection, d'appropriation des murs par ses habitants, ou au contraire une tension, une agressivité que les angles aigus des bâtiments peut accentuer. En noir et blanc, il exprimait alors une ambiance plus inquiétante que celle qui est développée dans ce nouveau livre.
Les graffeurs sont ici davantage vus comme des êtres plein de tendresse, d'engagement, de courage... Gilles Rochier prend un ton presque humoristique pour traiter de ce qui lui tient à coeur : montrer des personnages et des lieux que l'on voit peu ou mal dans la plupart des productions culturelles.
Son site : envraccity.wordpress.com
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Benoît Preteseille est auteur de bande dessinée et éditeur de ION. Pour la première fois, il publie ses propres dessins dans sa collection.
Ce livre est le résultat d'une exploration dans un musée très spécial, caché dans une rue de Bologne en Italie, qui rassemble les collections de la famille Bargellini depuis la Renaissance. Les membres de cette famille ont été passionnés par la peinture, la sculpture, mais aussi les marionnettes, les vélos, les cadrans de montres, les poignées de porte... Le titre signifie "Tout est vrai (mais probablement inexact)" car non content de dire à chaque fois un mot sur l'oeuvre qu'il dessine, l'auteur a parfois inventé des légendes supplémentaires. En effet, a priori, le musée ne possédait pas de portrait de Léonard de Vinci à la Licorne, et celui-ci n'a donc pas pu être volé...
Ce livre devait pouvoir être lu par les habitants de Bologne, il est donc bilingue franco-italien.
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Une suite de bustes de jeunes hommes qui esquissent des gestes, qui jouent ou se cachent avec leurs vêtements. Au gré des chocs et des échos entre leurs postures se crée une chorégraphie quasi immobile. Etienne Pottier a beaucoup participé à des free parties, il a dansé jusqu'à voir les visages et les corps disparaître dans le flou. Cette série de gravures très impressionnantes, retranscrit cette sensation. Les murs tremblent à cause des mouvements saccadés, ils tremblent à cause des rythmes qui résonnent. Au matin ne restent que des fantômes, des traces de peur ou des traces de séduction.
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Ce livre est le résultat d'une exploration dans un musée fantôme, celui de la ville de Maubeuge dans le Nord de la France, musée qui est fermé depuis une vingtaine d'années. Benoît Preteseille est allé dessiner dans le hangar où les oeuvres sont (plus ou moins bien) conservées, à la recherche des oeuvres les plus belles, les plus émouvantes, les plus bizarres. Le résultat est un inventaire à la Prévert, où sont rassemblés un traîneau pour religieuses fatiguées, un pilori, des pêches obscènes, des femmes nues, des plâtres qui tombent en miettes, un chefd'oeuvre perdu de Gustave Doré, des poèmes consternants... Et tout est vrai. Le regard grinçant de l'auteur transforme l'enquête en livre d'humour.
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Dans cet ouvrage drôle et intrigant, Fräneck s'empare du motif de la maison, celle avec des petites fenêtres, un toit de tuiles à deux pentes, une maison telle qu'elle serait dessinée par un enfant, et s'en sert comme matériau de base pour construire des univers graphiques étonnants, comme un jeu de construction farfelu où tout serait à inventer dans toutes les dimensions. A découvrir !
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Dans la droite lignée de Sauvetages, série de dessins publiée par Cornélius, Suite Kimono regroupe une variation virtuose autour de quelques éléments : un couple, deux kimonos.
Il n'en faut pas plus pour que Singeon déploie toute sa fantaisie, le Japon est un prétexte à exploration graphique débridée, jamais très loin de l'onirisme, du fantastique et de l'érotisme.
Pour ajouter à la sophistication des images, les pages sont imprimées avec une couleur bleu nuit en ton direct.
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L'enfance et ses monstres. Les choses étranges qui se cachent sous le merveilleux. Amandine Meyer creuse ces univers depuis 2005, dans de petits livres de dessins autoédités, ou des pages de bandes dessinées intriguantes dans la revue Dopututto chez MISMA. Ses deux derniers ouvrages (La Villa, le beurre et les tartines et Bambi #2) sont sortis aux éditions Solo Ma Non Troppo. On pense souvent à l'artiste brut Henry Darger, qui prenait des images standard de petites filles dans des livres de coloriage et les mettait en scène dans de grandes batailles épiques. Amandine réutilise aussi des silhouettes d'illustrations classiques de contes de fées, mais ses images sont envahies par des végétaux inquiétants, les couleurs aquarellées se troublent, l'acidulé devient corrosif. Qui est le Tête d'Oeuf du sous-titre, un nouveau Humpty Dumpty qui va une nouvelle fois se fracasser le crâne ? Et ces enfants chewing-gum, naïfs et bizarres, quelles aventures vont-ils vivre ? Il n'y pas une seule histoire claire mais des pistes s'ouvrent partout.
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Matthias Lehmann a publié plusieurs bandes dessinées, notamment Les larmes d'Ezéchiel et L'étouffeur de la RN115.
Il collabore régulièrement avec la presse (Libération, Le Monde des Livres, Siné Mensuel, etc). C'est son travail de dessin libre, qu'il montre parfois dans les publications des United Dead Artists et les expositions d'Arts Factory ou du Dernier Cri que ION présente ici. Ses images hallucinées, sombres et fantastiques peuvent le rapprocher des grands visionnaires comme Goya, Jacques Callot, Alfred Kubin ou Max Klinger, que le Musée d'Orsay a célébré cette année dans l'exposition L'Ange du Bizarre. Elles sont sur la même frontière entre l'horreur et le surréalisme, noires et vénéneuses. Elles ont aussi un aspect grinçant, ce n'est pas par hasard qu'elles ont été rapprochées de celles de Roland Topor pendant une exposition exceptionnelle à Riom en 2013.
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Serge de Sazo s'est fait un nom en photographiant la libération de Paris en 1944.
Avec l'accord des ses ayants-droits, les éditions Ion ont créé Femme Sorcière où les photographies de Sazo sont mises en dialogue avec des dessins de créateurs d'aujourd'hui (L.L. de Mars, Benjamin Monti, Sophie Guerrive, Mélanie Berger, Carl Roosens, Amandine Ciosi, Anne-Lise Boutin, Benoit Guillaume, Benoit Preteseille ...) qui les ont réalisées pour l'occasion.
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L.L. de Mars est un créateur singulier, qui tord la bande dessinée, la musique ou les films par des contraintes étonnantes.
Son travail s'ancre dans une étude très approfondie de l'Art ancien, notamment celui de la Renaissance italienne, vers lequel il ne cesse de revenir. La complexité de ces oeuvres mêlant les problèmes picturaux et théologiques le passionne.
Il parcourt les musées en noircissant des montagnes de carnets, et Museo Infinito propose d'en découvrir des extraits. Il montre des dessins où l'on sent l'oeil et la main de L.L. de Mars dépasser ce qu'il a en face de lui pour le prolonger, l'interpréter...
Le musée comme base de travail, comme gisement et comme tremplin.